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plus le niveau de la source. — En septembre 1824, le Globe fut fondé.

Il semble aujourd’hui, à ouïr certaines gens, que le Globe n’eut pour but que de faire arriver plus commodément au pouvoir messieurs les doctrinaires grands et petits, après avoir passé six longues années à s’encenser les uns les autres. Peu de mots remettront à leur place ces ignorances et ces injures. M. Dubois, destitué, traduisait la Chronique de Flodoard pour la collection de M. Guizot, écrivait quelques articles aux Tablettes Universelles, qui trop tôt manquèrent, se dévorait enfin dans l’intimité d’hommes fervens, étouffés comme lui, et dans les conversations brûlantes de chaque jour. M. Leroux, qui, après d’excellentes études faites à Rennes au même collége que M. Dubois, et avant de prendre rang comme une des natures de penseur les plus puissantes et les plus ubéreuses d’aujourd’hui, était simplement ouvrier typographe ; M. Leroux avait imaginé, avec M. Lachevardière, imprimeur, d’entreprendre un journal utile, composé d’extraits de littérature étrangère, d’analyses des principaux voyages et de faits curieux et instructifs rassemblés avec choix. Il communiqua son cadre d’essai à M. Dubois, qui jugea que, dans cette simple idée de magasin à l’anglaise, il n’y avait pas assez de chance d’action, qu’il fallait y implanter une portion de doctrine, y introduire les questions de liberté littéraire, se poser contre la littérature impériale, et sans songer à la politique puisqu’on était en pleine censure, fonder du moins une critique nouvelle et philosophique. Des deux idées combinées de MM. Leroux et Dubois, naquit le Globe ; mais celle de M. Dubois, bien que venue à l’occasion de l’autre, était évidemment l’idée active, saillante et nécessaire ; aussi imprima-t-il au Globe le caractère de sa propre physionomie. M. Leroux y maintint toutefois sur le second plan l’exécution de son projet ; et toute cette matière de voyages, de faits étrangers, de particularités scientifiques, qui occupa long-temps les premières pages du Globe avant l’invasion de la politique quotidienne, était ménagée par lui. Sous le rapport des doctrines et de l’influence morale, M. Leroux ne se fit d’ailleurs au Globe, jusqu’en 1830, qu’une position bien inférieure à ses rares mérites et à sa portée d’esprit ; par modestie, par fierté,