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MÉLANGES.

et pure dont les voyageurs altérés font un grand usage ; mais il faut observer, après l’avoir coupée par le bas, d’en couper promptement la longueur de trois à quatre pouces dans le haut pour obliger l’eau à descendre, sans quoi, au lieu de s’écouler, elle remonte dans l’instant vers le haut de la tige. »

Cette liane rouge paraît être une espèce d’arum grimpant.

Humphrey Fitz-Herbert, dans sa Description des Moluques, parle d’un végétal qui fournit de même de l’eau : « Je ne sais par quel nom le désigner, dit-il, et si je dois l’appeler arbre ou plante. Sa substance est comme celle d’un tronc de lierre ; sa forme est celle d’une corde grosse de cinq à six pouces, et longue d’autant de brasses. Dans toute sa longueur, cette corde est absolument nue, sans branche ni rejeton d’aucune sorte ; elle est fixée par une extrémité à la terre, par une autre à la branche de l’arbre ; elle est d’un bois plein, solide, sans aucune cavité, et cependant elle donne, quand on la coupe par tronçons, une eau excellente, fraîche, douce, aussi bonne au moins que la meilleure eau de fontaine. Un bout de deux pieds de long en donne la valeur d’une pinte[1], et cela dans un instant. C’est dans l’île d’Amboine que nous trouvâmes cette curiosité naturelle. » (Purchas, tom. ier, pag. 697.)

Cette corde singulière était, ou bien une racine adventive comme en poussent certains arbres dans l’Amérique tropicale, ou bien, comme cela se voit dans les mêmes lieux, le produit d’une plante parasite dont la graine, déposée par les oiseaux sur quelques branches, s’y est développée d’abord, puis a envoyé une ou plusieurs racines directement vers la terre pour y chercher une nourriture plus substantielle. Il arrive souvent que ces racines, descendant à la fois, s’enroulent de manière à former des tourillons et à figurer véritablement une corde.

Quand la sève qui remplit les vaisseaux de ces plantes grimpantes est très abondante, que leur hauteur est très grande (plusieurs s’élèvent, quand elles trouvent un appui, jusqu’à des centaines de pieds), alors la pression atmosphérique ne suffit plus pour

  1. La pinte anglaise n’est que la moitié de la mesure française de même nom.