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L’AMOUR DE L’OR,
SATIRICON (FRAGMENS).

i.


À M. Alfred de Montebello.


Le terrible boulet avait brisé ses os ;
Et sur son lit de camp, en proie à mille maux,
Abandonné de tous et de la médecine,
Tirant avec effort sa voix de sa poitrine,
Sans ressentir pourtant faiblesse ni terreur,
Il s’écriait toujours : l’empereur, l’empereur !
Qu’il voulait l’empereur, lui parler et l’entendre,
Lui dire qu’il devait vivre pour le défendre ;
« Ah ! sire, n’est-ce pas que je ne mourrai pas ?
« Qu’ils mentent tous ? » Et puis il lui tendait les bras ;
Et s’attachant à lui, comme on fait à sa proie,
Comme à l’esquif sauveur le marin qui se noie,
Et menaçant toujours de l’œil les ennemis,
Il lui prenait les mains, il touchait ses habits :
Comme si celui-là, par son puissant génie,
Pouvait, pareil au Christ, suspendre l’agonie.
« Non, tu ne mourras pas, » répondait l’empereur,
« Pour me servir encor j’ai besoin de ton cœur ! »