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SOCIÉTÉ
POUR
LA PUBLICATION DES DOCUMENS ORIGINAUX


DE L’HISTOIRE DE FRANCE.

Les Français, qui, depuis trois siècles, ont élevé tant de monumens admirables dans toutes les parties du domaine des lettres et des sciences, attendent encore une véritable histoire de leur pays ; cependant aucune nation ne possède des Annales à la fois plus riches et plus anciennes.

Depuis Grégoire de Tours, c’est-à-dire à peu près depuis la fondation du royaume de France, il n’est point de siècle, il n’est guère de génération même, qui n’ait enfanté chez nous son annaliste, son chroniqueur. Les âges les plus stériles en productions de l’esprit, les temps enveloppés dans la plus épaisse barbarie, le dixième, le onzième siècle, ont eu leurs historiens : arides, ignorans, grossiers, mais contemporains, et témoignant par leurs défauts mêmes, de l’état de la société quand ils écrivaient. Plus tard, à mesure que la culture des esprits va croissant, le nombre des narrateurs se multiplie ; leurs ouvrages