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REVUE DES DEUX MONDES.

Aucune pensée, aucune émotion ne nous semble perdue. Encore une fois, nous avons confiance en l’avenir et dans cette grande discussion contemporaine où l’indépendance de chacun est pour le moment un des meilleurs moyens de s’entendre.

Nous terminons en priant qu’on nous pardonne de si longues digressions. Si nous avons consenti à comparer, sous un point de vue financier et économique, deux pays faits pour marcher fraternellement dans de glorieuses voies, les questions d’argent ne pouvaient nous faire oublier celles qui se rattachent au progrès moral des nations, à ce besoin insatiable de vérité et de justice, qui est l’indélébile caractère de la noble nature humaine. Un gouvernement à bon marché nous plaît surtout comme la preuve et le moyen d’un ordre social équitable. Qu’importe après tout le nom donné à cet ordre social, si les conditions du droit commun le plus pur sont un jour clairement stipulées et défendues par les progrès de notre éducation commune contre toute espèce d’injuste et turbulente agression ?

En vérité, ce n’était pas la peine d’entasser des chiffres trompeurs pour nous affliger des prétendus mécomptes de la république américaine. Chaque peuple a ses inconvéniens ainsi que sa pente naturelle. Un isolement complet ou une aveugle imitation lui est également impossible, car la civilisation est un enseignement mutuel qui ne sera retardé ni par de petits mensonges ni par de serviles parodies.


F. de Corcelle.