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COSMOGRAPHIE.

de chaque saison ? Et d’ailleurs les quatre angles de cette table ne sont-ils pas des emblèmes évidens des solstices et des équinoxes ?

Ainsi Cosmas ne le cédait pas beaucoup sur l’article des allégories à d’autres docteurs chrétiens ou juifs qui en avaient puisé le goût chez les Alexandrins. Cette manière forcée de rendre compte de la disposition du tabernacle rappelle naturellement que Josèphe veut trouver dans certaines dispositions de ce lieu saint des emblèmes du même genre, tels que ceux des douze mois de l’année, de la terre, de la mer, du ciel, des planètes et des quatre élémens[1], toutes choses auxquelles Moïse n’avait probablement jamais pensé ; de même Philon[2], ainsi que Clément d’Alexandrie[3], voyait dans les diverses parties de l’ancien temple de Jérusalem, et jusque dans les ornemens du grand-prêtre, des symboles qui se rapportaient à toute la nature, et principalement à ses parties les plus apparentes, le ciel, la terre, le soleil, la lune, les signes du zodiaque, etc. Cette manie d’interprétation symbolique gagna aussi les théologiens du moyen-âge ; car, lorsque Galilée eut découvert les quatre satellites de Jupiter, qui augmentaient le nombre connu des planètes, on opposa d’abord à sa découverte et les sept chandeliers d’or de l’Apocalypse et le chandelier à sept branches du tabernacle, et jusqu’aux sept églises d’Asie[4], symboles divins, assurait-on, du nombre auquel la Providence avait voulu porter les planètes, et qu’on ne pouvait augmenter sans blesser la foi. Mais aussitôt que le fait eut été constaté, on fit la découverte que la foi n’y est pas contraire.

Le monde de Cosmas, ou ce grand coffre oblong qu’il appelle ainsi, se divise, selon lui, en deux parties : la première, séjour des hommes, s’étend depuis la terre jusqu’au firmament, au-dessous duquel les astres font leurs révolutions ; là séjournent les

  1. Ant. Jud. iii, 8,7 ; i, p. 155, 156, ed. Haverc. — Tout cela est dans le goût d’Olympiodore qui interprète les quatre chevaux d’Apollon par les deux solstices et les deux équinoxes. (Dans le Platon de M. Cousin, t. iii, p. 446.)
  2. De somniis, i, § 37, t. i, p. 654, ed. Mang. — De vitâ Mos. iii, § 12, t. ii, p. 152. — De Monarch. ii, 5, t. ii, p. 226.
  3. Stromat. v, p. 664-669, ed. Pott.
  4. Delambre, Hist. de l’Astr. mod., i ; Disc. prélim. p. xx.