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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/624

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entendus à la lettre. On la trouve en conséquence dans beaucoup d’ouvrages des premiers siècles du christianisme.

La plupart des docteurs chrétiens, expliquant littéralement les expressions de cieux, de ciel des cieux, dans plusieurs passages des livres saints, et de troisième ciel, dont se sert l’apôtre saint Paul, crurent à l’existence de plusieurs cieux[1]. D’autres, tels qu’Origène, prenant au figuré les mêmes expressions, prétendaient qu’on ne saurait trouver dans les livres saints canoniques la preuve qu’il existe sept cieux[2], ou même un nombre de cieux déterminé. Mais cette opinion n’eut pas beaucoup de partisans. On s’accorda en général à reconnaître la pluralité des cieux ; on différa seulement sur leur nombre et leur disposition. Les uns (comme saint Hilaire) crurent téméraire d’en fixer le nombre[3] ; d’autres, se conformant aux idées de la philosophie païenne, en admirent sept, huit, neuf et même dix[4]. Ils les concevaient comme des hémisphères concentriques qui venaient s’appuyer sur la terre[5], et à chacun desquels ils donnaient différens noms : Beda les met dans cet ordre, aer, æther, olympus, spatium igneum, firmamentum, cœlum angelorum, cœlum Trinitatis. Raban Maur nous a conservé une autre classification qui comprend, outre cœlum Trinitatis, sept cieux, savoir : empyreum, cœlum aqueum, sive chrystallinum, firmamentum, spatium igneum, olympum, cœlum æthereum, cœlum aereum.

Dans les deux listes de Beda le Vénérable et de Raban Maur, on aura remarqué l’Olympe qui occupe la place entre l’éther et la matière ignée. C’est encore là le reflet d’une ancienne opinion. Dans un passage très remarquable de Stobée[6] qui a été regardé par les meilleurs critiques[7] comme étant capital pour la connaissance

  1. S. Hilar. In Psalmos, cxxvi, ii. — Opp. p. 487. A. S. Basil. In Hexaem. Hom. iii, 24. C.
  2. Origen. contrà Cels. vi, p. 289, ed. Spenc.
  3. S. Hilar. ubi suprà, p. 486, D. E.
  4. S. Aug. in Genes. xii, 57. — Opp. iii, P. i, p. 318, E.
  5. Tels que les Manichéens (Beaus. H. d. M. ii, p. 366).
  6. Ecl. phys. p. 488, ed. Heer.
  7. Tiedem. alt. Phil. p. 456, ff. — Boeckh, Philolaos, p. 98, ff.