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COSMOGRAPHIE.

que sorte l’office de toit, par rapport au monde, comme l’inférieur par rapport à la terre ; et celui-ci sert en même temps de sol et de base au premier[1]. » Sévérianus, évêque de Gabala vers la même époque, parle également du ciel supérieur, qu’il dit être le ciel des cieux de David ; et il compare le monde à une maison à double étage, dont la terre serait le rez-de-chaussée ; le ciel inférieur, qui sert de lit aux eaux célestes, le plafond ; et le ciel supérieur le toit[2]. Eusèbe de Césarée, dans son commentaire sur Isaïe[3], et l’auteur des Quæstiones et Responsiones[4], admettent la même disposition ; c’est tout juste celle qui résulte de la description de Cosmas, puisqu’il se figurait l’intervalle d’un ciel à l’autre comme formant une espèce de compartiment dont le ciel inférieur était le fond et le supérieur le couvercle. On peut en dire autant de saint Basile[5]. Il admettait que la surface supérieure du premier ciel est plate, tandis que la surface inférieure, celle qui est tournée vers nous, est en forme de voûte. Il expliquait de cette manière comment les eaux célestes pouvaient s’y tenir et y séjourner[6]. Ce saint Père défend cette disposition contre les objections que les païens auraient pu y faire ; il leur demande en quoi l’existence d’un double ou même d’un triple ciel serait plus difficile à comprendre que celle de leurs sphères, « qu’ils disent être disposées comme des seaux de diverses grandeurs emboîtés les uns dans les autres[7]. » Allusion assez fine à un passage de Platon[8].

Selon Cosmas, le ciel inférieur était séparé du supérieur par les eaux célestes. Pour cette disposition, il se fonde sur des textes de

  1. Phot. p. 220, l. 5, 59.
  2. Sever. Gab. p. 215. B.
  3. Collect. nov. Patr. t. ii, p. 511. B.
  4. P. 424. C. inter. Opp. S. Just. mart.
  5. In Hexaem. Hom. iii, 3, p. 24. A. B.
  6. id. 4, p. 25. C.
  7. id. p. 24. C.
  8. De Republ. x, 616. D. — Parménide, dans le même sens, comparait les plans de ces sphères à des couronnes concentriques (Pseudo-Plut. de Plac. phil. ii, 7, ibiq. Corsini.)