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REVUE. — CHRONIQUE.

agréable diversion à ses études financières, n’a-t-elle pas, par sa fatigante inquisition, failli envoyer M. le maréchal Soult sur le lit de douleur où elle avait déjà jeté M. le duc de Broglie. On assure même que M. Soult eut à son tour sa petite attaque d’apoplexie, au sortir de la séance de la commission du budget, où un député mal appris s’était avisé de lui faire remarquer de singulières distractions dans ses comptes. Il s’agissait simplement de quelques doubles emplois, commis sans doute maladroitement dans les bureaux du ministère de la guerre, et dont l’illustre maréchal ne pouvait être responsable. Il se trouvait que plusieurs officiers-généraux, en assez grand nombre, il est vrai, étaient portés au chapitre des aides-de-camp du roi pour la solde de leur grade, puis portés encore, pour la même solde, au chapitre des officiers-généraux. Cette double masse d’officiers-généraux, dont une partie se trouvait ainsi fictive, enflait, il est vrai, quelque peu le budget de la guerre, mais l’explication à laquelle cette remarque donna lieu fut si naïve et si sincère, que tout le monde s’y rendra. Il paraît que quelques militaires qui siègent à la chambre reçoivent une indemnité proportionnée à leur grade et à l’importance de leurs votes. Comment résister à de pareilles raisons ?

Nous annonçâmes, il y a quelque temps, que l’alliance de la France et de l’Angleterre subissait un refroidissement. Deux causes principales contribuent à ce changement. D’abord la persévérance que met le ministère anglais à exiger l’accomplissement d’une promesse verbale du roi, relative à Alger, qui lui fut transmise par M. de Talleyrand. L’évacuation prochaine d’Alger fut alors solennellement promise, malgré les représentations de M. Molé, qui était ministre des affaires étrangères ; et comme l’Angleterre ne cesse de la réclamer, le cabinet des Tuileries a jugé qu’il était temps de porter plus loin ses offres d’alliance et ses promesses. L’Angleterre demande en outre que la France s’unisse activement à elle pour faire des représentations à la Porte et à la Russie au sujet du traité de Constantinople. Mais la France de 1834 ne se met pas ainsi en avant, et le ministère français s’est encore trouvé bien embarrassé de ses liaisons avec l’Angleterre dans cette circonstance. Ce fut alors qu’on chargea le maréchal Maison de porter les promesses les plus flatteuses à Saint-Pétersbourg, et les lettres qui partirent directement du château des Tuileries, sans passer par le ministère des affaires étrangères, étaient, dit-on, encore plus conciliantes que les paroles de notre ambassadeur. On assure qu’on y fixait, avec beaucoup d’exactitude, l’époque où la royauté de juillet aurait perdu son caractère révolutionnaire, et rendu la sécurité aux rois de l’Europe, en anéantissant la propagande, et en gouvernant sans contestation, d’après les principes de la Sainte-Alliance ;