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REVUE DE VOYAGES.

Unis, un tableau des mœurs domestiques et de la société des planteurs des Barbades, Antigoa, etc.[1]  ; mais bien différente de son modèle, mistress Carmichael a tout vu sous l’aspect le plus favorable. Son livre est non-seulement une réfutation de tous les faits imputés aux planteurs par les sociétés pour l’abolition de l’esclavage ; mais peu s’en faut qu’elle ne fasse de ses cliens autant de bergers du Lignon : on est, en vérité, tenté d’envier le sort des nègres, après avoir lu mistress Carmichael. Que cette dame eût simplement essayé de rectifier les idées exagérées qui existent chez beaucoup de bons esprits à cet égard, nous n’aurions qu’à applaudir, car, ayant vu la chose de près, nous sommes de son avis sur certains points ; mais son ouvrage ne tend pas à moins qu’à une justification du principe de l’esclavage, et malgré un talent littéraire très réel, les argumens de l’auteur sont de même force que ceux de M. Achille Murat sur la même matière, une suite de sophismes que ni le cœur ni la raison ne peuvent approuver.

Quoique nous parlions ici de voyages où les choses sont prises du côté positif et sérieux ; c’est peut-être le moment de rappeler qu’un de nos compatriotes, jeune homme de dix-huit ans, traversait naguère les États-Unis, depuis New-York jusqu’aux frontières du Mexique, avec une ame ouverte à toutes les impressions des grandes scènes de la nature vierge. De retour en France, M. Théodore Pavie a jeté dans un livre tout ce qu’il avait éprouvé d’émotions dans son voyage, puis, sans attendre l’éloge ou le blâme de la critique, il est reparti pour l’Amérique. Il parcourt en ce moment les provinces du Rio de la Plata. Quelques-uns trouveront beaucoup à reprendre dans les Souvenirs atlantiques[2] ; l’auteur s’est peut-être mal posé, et ses sensations propres occupent trop de place, mais il est bien inspiré quand il peint les forêts, les grands fleuves des États-Unis et leurs solitudes qui diminuent chaque jour devant les progrès d’une industrie gigantesque. Ensuite à côté de ces tableaux poétiques, se trouvent des pages d’un autre ordre d’idées qui sont d’une portée au-dessus de son âge. Nous regrettons de ne pouvoir citer, entre autres, un chapitre de considéra-

  1. Domestic Manners and society in the West Indies, 1 vol., London.
  2. Chez Roset, Hector Bossange, Treuttel et Wurtz, etc.