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REVUE. — CHRONIQUE.

Il ne faut pas oublier que M. Thiers lui-même est un ancien rédacteur du Constitutionnel, et qu’il a traité long-temps la partie des beaux arts dans ce journal, si exclusivement voué à l’art, à la poésie et aux lettres ! En relisant les articles que M. Thiers écrivait alors sur la peinture, on ne peut lui en vouloir des idées étroites et mesquines qu’il apporte dans l’administration des beaux arts, qui lui est confiée. Le peu de lumières qu’il trouve dans son entourage, et les passions plus étroites encore dont il est le jouet dans ses bureaux, achèvent de porter le désordre dans cette division, qui demande tant d’élévation d’idées, de désintéressement et d’esprit libéral. Il est au moins bizarre que ce soit un ministre homme de lettres qui fasse regretter les hommes illettrés à qui la restauration avait confié la haute direction des arts en France. M. Sosthènes de La Rochefoucauld les aimait au moins avec passion, sans y mêler de petites haines politiques ; il consacrait aux beaux arts sa fortune, loin de leur demander la sienne ; le duc de Blacas, tout exalté royaliste qu’il était, les encourageait sans distinction d’opinion, et M. Corbière lui-même paraîtrait un esprit large et généreux, si on comparait ses actes à ceux de l’ancien rédacteur du Constitutionnel qui a pris sa place.

Plus tard, nous dirons quelles pitoyables influences ont gouverné M. Thiers dans l’administration des beaux arts, et nous rapporterons les intrigues qui ont accompagné les changemens qu’on prépare à l’Opéra-Comique et à l’Opéra. Nous remettons ces détails à un autre temps, cas nous voulons les exposer sans amertume.


— Maintenant que nous avons suffisamment expliqué la brutale suppression d’Antony par M. Thiers, l’exécuteur des hautes œuvres du Constitutionnel ; maintenant qu’on sait bien que Mme Dorval, si elle se retire du Théâtre Français, ne s’en retire guère moins forcée et contrainte que l’ouvrage de M. Alexandre Dumas, parlerons-nous de la pièce nouvelle de MM. Empis et Mazères, qui ne pouvait vivre quelques jours que par l’actrice dont l’une des plus incontestables preuves de talent a été certes de soutenir de ses seules forces une pareille œuvre durant quatre soirées ? À quoi bon ? Nous n’avons, mon Dieu, ni mépris ni colère pour des productions de ce genre.

Que dire d’une pièce destinée jadis au Gymnase, grossie plus tard de tous les lieux communs, de toutes les invraisemblances, de tous les quolibets supplémentaires que requiert un Vaudeville, qui, comme la grenouille, dût-il en crever, se veut donner l’embonpoint d’une comédie en cinq actes ? Dès la première représentation, le public l’avait sifflée cordialement et consciencieusement, ainsi qu’elle en était bien digne. Le triom-