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LE CHEVALIER DU COUËDIC.

avait des instructions analogues à remplir à l’égard des vaisseaux espagnols et français. Les bâtimens légers étaient destinés à porter, soit en France, soit en Angleterre, la nouvelle de la croisière. Le cutter anglais avait nom le Rambler, le cutter français l’Expédition.

Le Quebec était une belle frégate de vingt-six canons de douze en batteries, de dix pièces de six sur les gaillards, et de deux cent soixante-dix hommes d’équipage ; il était commandé par sir George Farmer. Cet officier, âgé de 42 ans, et du grade de lieutenant de vaisseau, avait long-temps servi aux Indes orientales, et s’y était fort distingué. Un zèle et une ardeur infatigables, des actions hardies, plusieurs combats auxquels il avait pris part, avaient à diverses reprises attiré sur lui l’attention de ses chefs et celle de l’Amirauté. À l’ouverture de la campagne, il avait été appelé au commandement d’un vaisseau de ligne : ce poste était au-dessus de son grade : il ne l’avait pas moins échangé, après de vives sollicitations, contre le commandement du Quebec, qu’il avait trouvé préférable. La mission de ce bâtiment destiné à croiser loin de l’escadre, à agir isolément, lui avait paru plus propre à fournir, à celui qui le commanderait, des occasions de se distinguer. Il avait en outre obtenu de l’Amirauté le privilège de choisir son équipage parmi des matelots ayant déjà servi sous ses ordres ; autre faveur non moins précieuse. De ceux-ci il s’en était volontairement présenté trois ou quatre fois plus que besoin n’était ; aussi George Farmer, choisissant parmi tant de candidats, avait pu se faire un équipage d’élite, plein de confiance en lui-même et en son capitaine. À bord du Quebec, depuis le dernier mousse jusqu’au commandant, aucun homme n’aurait osé concevoir, encore moins exprimer le moindre doute sur l’issue d’un combat avec un bâtiment français de force égale, ou de force supérieure. Capitaine, officiers et matelots en attendaient l’occasion avec une impatience extrême, moindre chez eux tous cependant qu’en Farmer ; un grand désir d’aventures, de gloire et de périls, formait comme le fond de ce brave officier.

La Surveillante était absolument de même force que le Quebec en hommes et en canons ; un Breton, le chevalier Du Couëdic, en était le capitaine. Lieutenant de vaisseau dans la marine royale, âgé de quarante ans, au service depuis 1756, cet officier jouissait