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LE CHEVALIER DU COUËDIC.
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bras, les clouaient, pour ainsi dire, en place. Parmi les Anglais balottés par les vagues autour du Quebec, quelques-uns seront-ils vus par le Rambler ? arrivera-t-il à temps ? L’Expédition arrivera-t-elle à temps pour aider la Surveillante à échapper à la masse enflammée dont la prochaine explosion la menace ?

Long-temps, en effet, les avirons de galère, faute de bras pour les manier, n’agirent à bord de la Surveillante que d’une manière insensible. Des Anglais sauvés à la nage du Quebec vinrent pourtant aider à cette manœuvre, car ce bâtiment, naguère ennemi, était devenu leur seule planche de salut dans ce grand naufrage. Mais leurs bras épuisés n’étaient que d’un faible secours. C’est en vain que la sueur et le sang se mêlent à grands flots aux fronts de ceux qui se sont saisis de ces rudes avirons : le résultat qu’ils produisent est presque nul. Poussé par le vent, le Quebec ne quitte pas la Surveillante ; il marche aussi vite qu’elle dans la même direction ; ses flammes, qui se déploient au souffle de l’air, lui tiennent lieu de voilure. Long-temps il demeure entravé sous le beaupré de la Surveillante. Celle-ci prend feu une seconde fois ; et, comme si ce n’était pas assez de tant de dangers, l’équipage français se trouve exposé à de meurtrières mitraillades ; les canons chargés du Quebec partent seuls, et balaient le pont de la Surveillante de l’avant à l’arrière. Hasard étrange ! deux matelots anglais sont tués par des armes qu’eux-mêmes avaient peut-être chargées. Un léger changement dans la direction du vent tendant en ce moment à dégager le Quebec du beaupré de la Surveillante, Du Couëdic, qui s’en aperçoit, ordonne de suspendre le jeu des avirons ; puis aussitôt que la frégate française est dépassée par la frégate ennemie, il met de nouveau les avirons en mouvement, les faisant agir cette fois en sens opposé. Il voulait faire avancer la Surveillante, non plus la faire reculer, car cette seconde manœuvre était plus propre à l’éloigner rapidement du Quebec. Elle semblait avoir réussi, lorsque tout à coup le Quebec, changeant lui aussi de direction, suit le mouvement de la frégate française qu’il range à bord opposé, et dont il se rapproche tellement, qu’à bord de la Surveillante le goudron fond à la chaleur de la flamme, que les planches se disjoignent, et que la frégate paraît sur le point de s’enflammer tout entière. On pare à cet accident à l’aide