Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 2.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
392
REVUE DES DEUX MONDES.

glais. Au reste, cette simplicité des mœurs et des habitudes de famille se joignait fréquemment, chez les hommes éminens de la Bretagne, à une grande importance sociale, à une grande illustration historique ; on retrouve cette alliance chez presque tous les hommes célèbres qu’elle a produits, à partir de Duguesclin jusqu’à ce Du Couëdic dont nous venons de parler quelque peu longuement. La civilisation de cette province, toujours un peu en arrière de celle de la France, la langue qui lui était propre, l’absence de grandes industries, et en général de grandes fortunes, mille autres causes, mais plus que toutes, le caractère national, concouraient à ce résultat. C’est donc avec raison que M. de Chateaubriand a dit : « Les Bretons aiment la gloire, mais ils ne la recherchent qu’autant qu’elle consent à vivre à leurs foyers, comme un hôte obscur et complaisant, qui partage les goûts de la famille. » Dans ce peu de paroles, le grand poète a dit une vérité de tous les temps. Il l’a dite dans ce langage pittoresque et figuré, si merveilleusement approprié à l’éclat et au mouvement de sa pensée.

Ces Bretons des vieilles mœurs et des anciens jours n’avaient-ils pas mille fois raison ? La gloire la plus éclatante saurait-elle nous dédommager du sacrifice de nos liens de famille, de nos affections d’enfance, de nos plus simples plaisirs du foyer domestique ? Un peu d’amitié et de dévouement ne valent-ils pas mieux pour le bonheur que tout ce vain bruit de renommée que peut attacher à la suite d’un nom la plume, la tribune ou l’épée ?

Barchou de Penhoën.