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REVUE DES DEUX MONDES.

Les statues.

Tu solus sanctus, tu solus Dominus, tu solus altissimus.

Don Juan.

Oh ! la glorieuse famille des Palenjuez !

Le Commandeur.

Glorieuse, oui, surtout depuis qu’elle vient de s’augmenter dans le ciel et sur la terre.

Don Juan.

Me voilà donc entré dans ta famille.

Le Commandeur.

Oui, comme le Christ est entré dans ce monde, par l’opération du saint Esprit.

Don Juan.

Divin mystère !

Le Commandeur.

Don Juan, lorsque tu seras mort, pendant la nuit qui précédera tes funérailles, toutes les statues de ma famille descendront de leurs piédestaux, et se répandant par toutes les allées de cet enclos, iront les cultiver pour la fête du lendemain. Ce travail accompli, elles viendront se remettre en place et commencer la prière des morts jusqu’à l’heure de ton arrivée. Alors notre aïeul l’archevêque, couronné de sa mître et tenant sa crosse dans la main, ira te recevoir à la porte et présider à la sépulture de ton corps. Lorsqu’il reviendra, les chants lugubres cesseront, et nous entonnerons avec le peuple et tous les moines un hymne d’actions de grâces afin d’inaugurer solennellement ta statue !

Don Juan.

Ma statue ! j’aurai donc aussi ma statue !

Le Commandeur.

Ainsi nous l’avons décidé tout-à-l’heure, et si tu veux te recueillir, don Julien Palenjuez, ministre du roi Ferdinand, et qui tient aujourd’hui les archives de cet enclos, mon aïeul Julien va te lire à quelles conditions.

Don Juan.

Me ferez-vous cette grâce ?