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HOMMES D’ÉTAT DE L’ANGLETERRE.

semblée, en apprenant qu’en 1825 les ministres protestans de Liverpool obtinrent du parlement l’autorisation de la supprimer, après une discussion orageuse qui dura quatre jours, et dans laquelle on déploya beaucoup d’éloquence de part et d’autre. Dans cette circonstance, O’Connell vint à Londres, comme délégué par l’association pour défendre ses intérêts. Ce fut alors que le peuple anglais apprit pour la première fois à le connaître. Vers la même époque, il comparut devant la chambre des pairs, pour donner un témoignage relatif à l’enquête qu’on faisait sur l’état de l’Irlande. Il eut occasion de montrer alors l’étendue de ses moyens, sa vaste capacité et surtout sa connaissance parfaite des sentimens irlandais et des coutumes irlandaises.

Le débat sur l’émancipation catholique recommença bientôt. Cette motion reparaissait avec deux motions auxiliaires, appelées, dans l’argot parlementaire, les ailes (wings). Ces ailes étaient ici des concessions faites au parti tory ou des sécurités données aux protestans contre les catholiques.

La plus importante de ces mesures était celle qui restreignait la liberté électorale des comtés. Parmi les francs-tenanciers, le cens avait été fixé à quarante schellings. On proposa de le porter à dix livres sterling. Assurément une pareille modification ne pouvait qu’être désagréable à la majorité des réformateurs. Néanmoins, en 1825, O’Connell, fidèle à sa mission d’opposition et de lutte, déclara qu’il ne tenait pas du tout à ce privilège et qu’il était prêt à y renoncer. Plus tard, quand l’ancien mode électoral, fixé au taux de quarante schellings, commença à rapporter avantage et utilité à son parti, O’Connell exprima le plus vif regret d’avoir eu jadis des projets contraires aux dispositions actuelles, et jura ses grands dieux de se préserver à l’avenir de toute innovation semblable à celle qu’il avait tentée jadis. « Plutôt que d’abolir le cens de quarante schellings, dit-il en 1828, je consentirais à toutes les rigueurs de l’ancien code pénal. Le droit des francs-tenanciers est sacré comme celui du roi sur le trône, et ce serait trahison que d’y attenter. Je suis loyalement attaché au roi. Mon intérêt et mes dispositions personnelles se combinent d’ailleurs dans mon esprit pour y faire naître un sincère attachement au pouvoir établi. Mais si on cherchait à enlever aux francs-tenanciers