Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 2.djvu/700

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
694
REVUE DES DEUX MONDES.

ment, et qui s’entendent pour maintenir l’union politique de l’Angleterre et de l’Irlande.

Vient ensuite la bande noire d’O’Connell, son bataillon sacré, sa phalange dévouée ; elle se compose de quarante votans connus sous le nom de repealers (partisans du rappel ou révocation de l’union). Porter la réforme dans toutes les branches de l’administration, détruire l’église protestante d’Irlande et assurer l’indépendance de ce pays, tel est leur but. Ils suivent O’Connell dans toutes ses manœuvres, à droite, à gauche ; qu’il avance, qu’il recule, ils imitent tous ses mouvemens. Il compte dans cette armée trois fils dont la popularité est due, non pas à leurs talens, mais à l’affabilité et à la bonhomie de leurs manières ; un gendre, quatre ou cinq cousins et d’autres parens, la queue d’O’Connell, comme on la nomme, et qui se gardent bien de jamais se détacher de leur chef. Nul dissentiment parmi ces hommes qui votent ensemble sur toutes les questions irlandaises ou anglaises, et qui assurent à O’Connell un pouvoir et une importance que ne possède aucun autre membre du parlement. Dans cette phalange auxiliaire, un seul homme, M. Shiel, se fait remarquer par l’éclat de son talent ; mais ce talent n’est après tout qu’une verve poétique exubérante, une facilité d’élocution qui éblouit le vulgaire ; il ne peut jouer qu’un second rôle sur la scène politique, il ne peut y briller qu’à côté d’un acteur plus puissant que lui ; son caractère manque de solidité, de poids et de conséquence. Le reste de l’armée O’Connelliste n’a de droits à la faveur du peuple, que son dévouement à ce qu’on appelle l’indépendance de l’Irlande, indépendance qui n’est après tout que le divorce des deux pays. Souvent on a reproché à O’Connell d’avoir écarté par jalousie les hommes de talent qui pouvaient le supplanter et partager avec lui la faveur populaire : accusation peu fondée, selon nous. Récemment on avait accusé M. Shiel d’avoir démenti, dans des conversations particulières, les opinions qu’il avait prononcées à la tribune. O’Connell, au lieu d’aggraver la situation de son confrère, lui tendit la main, le secourut et l’aida à se tirer de ce mauvais pas.


Pendant le cours de la session actuelle, les manœuvres d’O’Connell relativement à la dîme irlandaise ont fixé l’attention et causé la