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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 juin 1834.


La quinzaine a été tout entière dominée par deux grands faits : le traité de la quadruple alliance et ses conséquences à l’extérieur ; le mouvement électoral et les intrigues des candidats à l’intérieur.

La polémique a usé ces deux questions ; il ne reste plus qu’à faire connaître les détails d’intimité, la portée secrète des évènemens.

Qu’est-ce que le traité de la quadruple alliance ? est-ce quelque chose de neuf, une improvisation de haute intelligence due au génie de M. de Talleyrand, un service que le parti whig uni au gouvernement français vient de rendre à la civilisation et à la liberté ?

Nous avons besoin de vous faire connaître l’opinion du corps diplomatique qui s’en explique haut dans les salons. Un ambassadeur d’une des trois grandes puissances, M. d’Apponi, disait ces jours-ci : « Que nous importe la quadruple alliance ? donne-t-elle à la France et à l’Angleterre un soldat de plus ou un écu au-delà des prévisions de leur budget en cas de guerre générale ? Supposez que les grandes puissances s’ébranlent contre la France, en serez-vous moins forcés d’avoir une armée d’observation sur les Pyrénées ? Et croyez-vous qu’en l’état des populations espagnole et portugaise, un auxiliaire serait d’un grand secours à la France ? Ce qui était un fait, vous l’avez rédigé en un écrit ; il y a long-temps que nous savons votre situation : protéger un pays, c’est, au cas de vos propres dangers, amoindrir vos forces ; croyez bien que l’Europe ne s’inquiète pas et n’a pas besoin de s’inquiéter de tout ce qui n’est que traité et protocole. Elle vous craint davantage quand vous levez soixante ou quatre-vingt mille hommes en plus de vos ressources habituelles. « 

L’ambassadeur ne voyait pas toute la question ; la puissance matérielle n’est pas tout dans les affaires. Il y a aussi l’influence morale, et c’est sous ce rapport spécialement qu’il faut considérer le traité de la quadruple alliance :