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dans un grand nombre de localités ; on a calculé que la garde nationale n’existait plus dans vingt-deux villes, sept communes de second ordre, et si les choses continuent de la sorte, on peut d’avance affirmer que d’ici à trois ans il n’existera plus de garde nationale, qui est toute la force du gouvernement actuel.

On s’occupe, dans un certain nombre de petites coteries, du voyage de M. Dupin en Angleterre. Ce voyage n’a rien de politique, mais le président de la chambre est avide de bruit et de renommée ; il est homme de barreau, et il a été bien accueilli par cette société nombreuse de gens de loi qui dévorent l’Angleterre. Lord Brougham, avec une supériorité incontestable, a quelques traits de ressemblance avec M. Dupin : l’esprit mordant, la science des coutumes et de la jurisprudence historique. Comme lui, il est sans élévation de pensée, bourgeois de ton et de manière ; on ne peut s’étonner de ces sympathies. Une dame d’esprit disait que ce qui avait dû singulièrement flatter M. Dupin, c’était le salut de quelques centaines de grandes perruques d’avocats, lorsque lord Brougham l’avait présenté à l’audience de la chancellerie.


— Les 3e  et 4e  volumes de l’Histoire de la Réforme, de la Ligue, et du règne de Henri iv, par M. Capefigue, viennent de paraître.

Il y a une nouveauté bien curieuse dans la pensée fondamentale de ce livre, à savoir : que le catholicisme se liait, dans le moyen âge, à toutes les libertés locales, au régime populaire de la cité, et que, par conséquent, la Ligue fut l’expression des sentimens de la multitude. De là, des tableaux puissans d’intérêt sur l’esprit de la Saint-Barthélemy et des Barricades, sur les mouvemens réactionnaires des cités contre la réforme.

Ce qu’il y a de précieux dans ce travail historique, c’est qu’il est fait sur des pièces inconnues et inédites, et qui changent elles-mêmes tout l’aspect des faits. Nous remarquons dans les deux volumes qui viennent de paraître :

1o . La correspondance de Philippe ii avec le duc de Guise et la grande famille de Lorraine ;

2o . Les dépêches des ambassadeurs espagnols à Paris, adressées à leur gouvernement, sur les événemens de France ;

3o . La correspondance chiffrée et traduite du duc de Guise avec les ligueurs ;

4o . Les registres inédits de l’hôtel-de-ville de Paris, les rapports du conseil municipal avec les autres cités ;

5o . Les dépêches de Bellièvre, Schomberg, Fourquevaux, St-Gohard, soit en Angleterre, soit en Suisse, soit en Allemagne ;

6o . Les ambassades espagnoles de François de Alava, Aguillon (intérim), don Diego de Çuniga, Juan de Vargas Mexia, Diego Maldonado (intérim), Juan Baptista Taxis, don Bernardino de Mendoça, qui assistait à la journée des Barricades ;

7o . Le journal d’un bourgeois de Paris, qui présidait, l’arquebuse en main, à cette journée municipale.

Toutes ces pièces sont inédites et donnent à cette publication le plus haut intérêt.


F. BULOZ.