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LEIPZIG ET LA LIBRAIRIE ALLEMANDE.
Munich 
9
 
141
Francfort 
16
 
144
Dresde 
4
 
100
Hambourg 
7
 
118


Ainsi Leipzig, qui n’a que quarante mille habitans, publie quatre fois autant de livres que Vienne, qui en a trois cent mille, et sept fois autant que Munich, qui en a soixante mille.


En 1833, la Saxe, ce petit royaume d’un million et demi d’habitans, publia 
1110 articles.
L’Autriche proprement dite, qui renferme dix millions d’habitans 
290
La Prusse 
1758
La Bavière 
778
Le Wurtemberg 
415
La ville de Francfort 
144
Le duché de Bade 
190


Mais, du reste, qui pourrait dire si c’est un mal ou un bien que cette inondation de livres qui débordent ainsi régulièrement en Allemagne ? Tous les six mois, on publie ici un catalogue des publications nouvelles, un catalogue à faire reculer d’effroi les bibliophiles les plus intrépides, et chaque année il va en s’augmentant. En 1831, il présentait cinq mille cinq cent huit articles ; en 1833, cinq mille six cent cinquante-trois, et le catalogue de la moitié de cette année en renferme déjà plus de trois mille. Qui pourrait dire où ce déluge moderne s’arrêtera, et quels fruits il laissera sur son passage ? L’Allemagne littéraire, si fière de sa décentralisation, a dans cette décentralisation même une autre plaie non moins redoutable que celle dont nous nous plaignons : c’est que de toutes parts on édite, c’est que dans chaque petit état le libraire sans discernement qui cherche à se faire un nom, publie souvent le premier manuscrit qui lui tombe sous la main.

Des éditeurs riches et jouissant de quelque influence savent presque toujours se réserver le privilége des bons ouvrages. Le baron Cotta, de Stuttgardt, possède la propriété des œuvres complètes de Goethe, Schiller, Herder ; le libraire Reimer, de Berlin, publie les œuvres de Schleiermacher ; le libraire Brockhaus, celles de M. de Raümer, et quelques-unes des plus jolies nouvelles de Tieck ; le libraire Duncker, celles de Hegel ; le libraire Gerold, de Vienne, la plupart des meilleurs ouvrages qui parais-