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REVUE. — CHRONIQUE.

siècle ou pour vous, n’accusez pas ce missionnaire de la foi d’hypocrisie, ni même d’inconséquence ! Il n’est pas en effet de ces apôtres de notre temps qui ont tenté de réhabiliter le christianisme si commodément, c’est à-dire sans se déranger le moins du monde eux-mêmes de leur indifférence irréligieuse. Non ! sa vie entière est là, derrière ses paroles, qui témoigne pour elles et les fortifie.

Mais ce n’est pas seulement cette incontestable loyauté de conviction qui recommande hautement le nouveau livre de Silvio Pellico ; il y faut reconnaître aussi et admirer ce calme profond qui y règne ainsi que dans les Prisons. — Ne semble-t-il pas que cette voix grave et paisible sort du fond d’un cloître ? Oui, la voix de Silvio Pellico, c’est bien une voix du cloître comme celle de Manzoni. L’austère et tranquille solennité du chant d’église est bien le caractère de cette école italienne moderne si à part, si glorieusement créée et représentée par ces deux poètes.

Aussi, quelle surprise ne devait pas causer leur poésie du Midi apparaissant toute blanche, toute religieuse, toute soumise au milieu de nos poésies actuelles du Nord, sombres, désordonnées, ivres de punch et de vin de Champagne, et, dans leur ivresse, s’en prenant à tous les dieux ! N’eût-on pas dit un beau cygne s’abattant parmi des troupes d’aigles et de vautours ?

LIVRES ANGLAIS.

Vous me demandez quelles nouveautés assez piquantes ont triomphé de nos discussions politiques, de nos combats pour et contre la réforme, et de l’intérêt excité par la grande procession des unionistes. Le nombre de ces heureux ouvrages n’est pas très grand. Ici, comme chez vous, l’édition à bon marché domine. Le penny envahit la librairie. Le public est persuadé qu’en déboursant un millier de penny, l’un après l’autre et de semaine en semaine, ces penny ne font plus tard ni des schellings, ni des guinées.

Les éditions à bon marché tombent dru comme grêle : c’est Walter Scott, c’est Crabbe, c’est Robert Burns que l’on publie ainsi tour à tour. L’édition de Crabbe est ornée d’une assez bonne vie de Crabbe, par son fils. Celle de Burns, par Allan Cuningham, mérite d’être distinguée des nombreuses éditions de ce poète qui ont été publiées jusqu’ici. Allan Cuningham a plus d’un point de ressemblance avec Burns ; il sympathise avec lui ; il a long-temps habité le comté illustré par ce douanier-poète ; il a de l’élégance dans le style ; son anecdote est toujours vive, bien narrée, bien colorée, sans exagération et sans emphase.