Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR.

PERDICAN.

Vous me conterez tout cela. Je m’attends bien à du nouveau, mais en vérité je n’en veux pas encore. Comme ce lavoir est petit ! autrefois il me paraissait immense ; j’avais emporté dans ma tête un océan et des forêts, et je retrouve une goutte d’eau et des brins d’herbe. Quelle est donc cette jeune fille qui chante à sa croisée derrière ces arbres ?

LE CHŒUR.

C’est Rosette, la sœur de lait de votre cousine Camille.

PERDICAN, s’avançant.

Descends vite, Rosette, et viens ici.

ROSETTE, entrant.

Oui, monseigneur.

PERDICAN.

Tu me voyais de ta fenêtre, et tu ne venais pas, méchante fille ? donne-moi vite cette main-là, et ces joues-là, que je t’embrasse.

ROSETTE.

Oui, monseigneur.

PERDICAN.

Es-tu mariée, petite ? on m’a dit que tu l’étais.

ROSETTE.

Oh ! non.

PERDICAN.

Pourquoi ? Il n’y a pas dans le village de plus jolie fille que toi. Nous te marierons, mon enfant.

LE CHŒUR.

Monseigneur, elle veut mourir fille.

PERDICAN.

Est-ce vrai, Rosette ?

ROSETTE.

Oh ! non.

PERDICAN.

Ta sœur Camille est arrivée. L’as-tu vue ?

ROSETTE.

Elle n’est pas encore venue par ici.

PERDICAN.

Va-t’en vite mettre ta robe neuve, et viens souper au château.