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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 août 1834.


M. de Talleyrand résumait, il y a peu de jours, en ces termes, une longue conversation qui venait d’avoir lieu devant lui sur la situation de l’Europe : « La paix ne sera pas troublée. Les étrangers ne peuvent bouger, la France ne peut non plus. Il y aurait une invasion de barbares comme au IVe siècle, que la paix serait encore maintenue ; on trouverait moyen de s’arranger avec eux. » Mais tout en nourrissant cet espoir de paix, M. de Talleyrand ne reste pas inactif. M. de Talleyrand n’est pas un de ces hommes qui s’en reposent sur la Providence du soin d’arranger leurs affaires et celles des états. Son retour se lie, comme nous l’avons dit, à deux questions importantes, les affaires d’Espagne et celles d’Orient ; mais ce qui a surtout déterminé M. de Talleyrand à venir conférer directement à Paris, non pas avec le ministère, car nous doutons qu’il existe un ministère, mais avec le roi, c’est l’inquiétude réelle que lui cause la situation de l’Angleterre. On sait que l’alliance anglaise a été le rêve de toute la vie politique de M. de Talleyrand, qui, pour des yeux clairvoyans, n’a jamais été vacillante, comme on le croit. La première fois que M. de Talleyrand occupa le ministère des affaires étrangères, il s’appliquait déjà à mettre cette idée en pratique ; et ce fut à l’occasion de l’Angleterre qu’eut lieu sa retraite, et ensuite sa rupture avec Bonaparte. Une seconde fois M. de Talleyrand rompit avec un gouvernement qu’il avait élevé et soutenu, nous parlons ici du gouvernement de la restauration, que M. de Talleyrand abandonna ostensiblement dans la chambre des pairs, à l’époque où M. de Villèle se tourna vers le nord et délaissa M. Canning pour se vouer corps et âme à l’alliance russe. M. de Talleyrand a marché quarante ans