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DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

tonnera donc pas de nous les voir placer au premier rang dans la revue des objets qui ont été offerts aux regards du public.

À la restauration, la France était pauvre en machines, et bien que l’instruction théorique et la science soient parvenues, dans ce pays, au plus haut degré d’élévation, la pratique, faute d’occasion de l’exercer, était restée complètement arriérée. Comment, en effet, les arts mécaniques auraient-ils pu faire des progrès ? Les moyens de produire, quelque imparfaits qu’ils soient, sont presque toujours suffisans à ceux qui sont protégés par des prohibitions contre les productions étrangères. Ce n’est que lorsque la concurrence intérieure augmente et se développe que les plus industrieux sentent la nécessité de recourir à des procédés perfectionnés. Mais alors quelles ne sont pas les difficultés qu’ils éprouvent pour améliorer les instrumens dont ils se servent ? Par représailles de la clôture du marché de consommation, les étrangers prohibent la sortie des machines, et, sans égard pour le libre arbitre que la nature accorde à tous les hommes, ils frappent de rudes peines les ouvriers qui tenteraient de s’expatrier. Ainsi les mécaniciens français ont eu à lutter contre le manque de bons modèles, la privation d’ouvriers instruits et intelligens, la cherté du combustible et des métaux, et surtout contre celle de la fonte et du fer, accrue par l’énormité de nos droits protecteurs. Lorsque des efforts soutenus ont pu remédier à quelqu’une de ces causes, d’autres n’en existaient que plus puissantes, et si nous avons à nous émerveiller, c’est que l’art de la mécanique n’ait pas péri dans cette lutte. La persévérance de quelques hommes laborieux, l’aide des artistes et des ingénieurs étrangers, que les lois pénales de leur pays n’ont pas découragés, ont cependant naturalisé en France la fabrique des machines ; et quand nous aurons à bon marché du fer et de la houille, nous pourrons bientôt suffire aux besoins de nos manufactures. Déjà un certain nombre d’ouvriers en sont venus à acquérir cette capacité qui imprime l’impulsion à de nombreux ateliers, et l’exposition de 1834 a montré les importans progrès qui ont eu lieu depuis celle de 1827. Ce n’est pas qu’on y remarque aucun système neuf, que l’on puisse signaler comme une découverte, mais c’est déjà beaucoup que d’y rencontrer d’heureuses imitations, et ce caractère de précision dans l’exécution qui a trop long-temps manqué aux mécaniciens français.

Le fabricant de machines qui recherche des commandes peut trouver quelque avantage dans la publicité ; mais les industriels qui font établir dans leurs propres ateliers les appareils dont ils se servent ne paraissent guère à une exposition qui les déposséderait du privilége des améliorations qu’ils ont pu imaginer. Quelque nombreuse qu’ait été la liste des machines qui ont été soumises aux regards du public, quelque étendue qu’il ait fallu