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menté dans une bien autre proportion, et nous montre le péril qui menace cette branche de la fabrique.

Les causes de cette situation grave ne sont certainement pas ignorées, bien que nous ne nous apercevions pas que les hommes du pouvoir en France les aient fait mettre sous leurs yeux et les aient jugées dignes de considération. Le parlement anglais, qui recherche toutes les occasions de développer le génie actif et laborieux de la nation aux destinées de laquelle il préside, s’est occupé à diverses époques de l’industrie des soieries, et il a voulu, il y a deux ans, se rendre compte de l’effet qu’avait produit le changement de législation opéré en 1826. Une enquête véritable, conduite par un comité des hommes les plus capables de la chambre des communes, s’est terminée par un rapport imprimé en août 1832, auquel on a joint le texte même des dépositions des personnes appelées devant le comité. Cet énorme volume est le tableau le plus complet de la situation de la fabrique de soieries en Angleterre, en France et sur divers points du continent. Le docteur Bowring, commissaire du gouvernement anglais, a montré, dans la description qu’il a faite de la fabrique lyonnaise, que les esprits éclairés et pénétrans n’ont besoin que de peu de temps pour apprécier les choses sur lesquelles ils dirigent leurs investigations. Grace à lui, les détails qui intéressent notre patrie, encore plus que la Grande-Bretagne, sont aujourd’hui connus et soumis aux méditations des hommes à qui la science de l’économie politique est précieuse. On trouvera aussi dans les réponses de M. Robert Clay des observations pleines d’intelligence et de naïveté sur les rapports de la fabrique française dans ses débouchés avec l’Angleterre. Voici au reste comment s’est réparti, en 1832, le commerce des principaux articles de notre fabrique.

Les exportations de la France en 1832, dont nous avons plus haut donné les valeurs détaillées, représentaient

427,466 kil. de tissus unis, dont 102,000 kil. ont été envoyés en Angleterre, et 98,000 aux États-Unis.
141,224 kil. de tissus façonnés, brochés, dont 4,000 en Angleterre, 30,000 aux États-Unis, et 52,000 en Allemagne.
25,272 kil. crêpe, dont 3,769 en Angleterre, et 9,474 aux États-Unis.
630,581 fr. valeur des blondes, dont 154,967 fr. en Angleterre, et 58,576 fr. aux États-Unis.
13,621 kil. bonneterie, dont 4,324 aux États-Unis, et 5,000 aux autres états d’Amérique.
21,797 kil. passementerie de soie, dont 13,524 aux États-Unis.
193,637 kil. rubannerie, dont 26,000 en Angleterre, 53,000 aux États-Unis, et 64,000 kil. en Allemagne.