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nous offre les châles Tartan, tant en cachemire qu’en laine, tissus à grands quadrilles, dont l’utilité pour la saison rigoureuse ne peut être contestée.

Dans les évaluations de notre commerce extérieur, les châles sont compris avec les autres tissus formés des mêmes matières. Mais nous sommes convaincus, par l’exposition de 1834, qu’ils entreront, de plus en plus, en grande proportion dans la somme de nos exportations. Le gouvernement a levé la prohibition des châles de l’Inde ; mais, par condescendance pour l’esprit général de la fabrique de France, il a établi le droit d’importation à 22 pour cent. Peu de châles introduits devront payer ce droit. Quand les fraudeurs se contentent de 8 ou 10 pour cent, il n’est pas naturel d’en supporter plus du double. Seulement, la levée de la prohibition éteint la recherche à l’intérieur, et sous ce rapport la mesure fera quelque bien au commerce. Il est pénible d’avoir toujours à déplorer des erremens d’après lesquels les hommes honnêtes et soumis aux lois de leur pays doivent renoncer à exercer certaines branches de commerce que la législation réserve exclusivement à la contrebande.


Ce que nous venons de dire plus haut s’applique encore avec plus de force au commerce des cotons filés. L’ordonnance du 2 juin, modifiée par celle du 22 août, en permettant l’entrée des numéros 143 et au-dessus, au taux de 7 fr. 70 c., et de 8 fr. 80 c. par kilogramme, a entendu par le fait maintenir la prohibition. L’introduction légale ne pourra jamais lutter contre la fraude, qui se fait à bas prix ; et malgré les progrès évidens de notre industrie cotonnière dans les qualités ordinaires qui sont à portée du plus grand nombre, nous devons convenir de notre infériorité pour la filature en fin. L’exposition de 1834 nous a prouvé que les causes qui retardent l’essor des arts mécaniques agissent encore sur cette branche de notre industrie. Détruire ces causes serait plus raisonnable que de maintenir les prohibitions auxquelles on se confie.

L’on a, en 1832, acquitté en France, pour la consommation

33,636,000 kil. de coton, évalués à la somme de 58,443,000 fr.

Le poids des marchandises fabriquées avec cette matière, et qui ont été exportées, est d’environ 2,300,000 kil. pour une valeur estimée de 33,000,000 fr.

Sans doute ces résultats sont dignes d’appréciation ; on peut juger du travail fourni aux classes ouvrières et de ce qui en est resté au profit du pays. Mais à quelle autre importance les manufacturiers de la Grande-Bretagne, aidés du bas prix du combustible et du fer, de la puissance mécanique et de l’esprit de conduite et d’entreprise, n’ont-ils pas porté