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produits de la région de l’Est, frappés par quelque désavantage de situation, conservent pour les classes aisées la supériorité que donnent la finesse du tissu et le talent du dessinateur. Nous devons compte aussi à la société industrielle de Mulhouse de ses efforts pour étendre l’instruction dans le pays, y accélérer la diffusion des connaissances pratiques, et provoquer à de nouvelles découvertes.

Ne touchant que légèrement aux spécialités et aux détails de fabrication, nous mentionnerons cependant la propagation en Alsace de l’impression à une ou deux couleurs, l’éclat des impressions de genre riche sur percale ou calicot, des étoffes à meubles, des châles et mouchoirs, le bon goût des mousselines imprimées qui, mieux que les prohibitions, a fait taire le désir de s’en procurer en Angleterre.

Sainte-Marie-aux-Mines, Ribauviller et Colmar fabriquent des guingans, des Madras, des cotonnades. Saint-Quentin poursuit en concurrence la fabrication des guingans et quelques autres articles qui lui sont particuliers. Avec l’amélioration de nos systèmes de législation, cette belle industrie cotonnière verra s’agrandir le cercle de ses consommateurs ; la fabrique de mousseline de Tarare, moins bien placée que celle de Saint-Quentin, est celle qui en réclame le plus vivement l’adoption.


Une industrie plus ancienne en France que celle des cotons, et qui, se liant ordinairement à l’exploitation agricole, aurait dû, ce semble, conserver dans le pays une position plus avantageuse, est celle de la toile de lin ou de chanvre. Là, plus encore, on remarque que la fabrication a emprunté peu de secours aux arts mécaniques, et que, faute de s’aider par l’amélioration des procédés, elle a de la peine à soutenir la lutte contre les pays où la main-d’œuvre est à bas prix, et contre ceux où l’aide des machines vient la suppléer.

La France a importé pour l’acquittement, en 1832, pour

2,500,000 fr. de chanvre brut,
300,000 de lin,
5,000,000 de fil de lin en divers états et
42,355,000 de toiles diverses.

Elle a exporté dans la même année pour

1,220,000 fr. de lin et de chanvres en divers états, et
850,000 de fil à dentelle, presque en entier pour la Suisse.

Les exportations de toileries et articles de lin et chanvre se composent encore de

8,500,000 fr. pour 600,000 kil. de toile écrue, dont moitié pour nos colonies à sucre.