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ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR.

CAMILLE.

Je suis curieuse de danser à vos noces.

PERDICAN.

Écoutez-moi, Camille, voilà un ton de persiflage qui est hors de propos.

CAMILLE.

Il me plaît trop pour que je le quitte.

PERDICAN.

Je vous quitte donc vous-même, car j’en ai tout-à-l’heure assez.

CAMILLE.

Allez-vous chez votre épousée ?

PERDICAN.

Oui, j’y vais de ce pas.

CAMILLE.

Donnez-moi donc le bras ; j’y vais aussi.

Entre Rosette.
PERDICAN.

Te voilà, mon enfant ? viens, je veux te présenter à mon père.

ROSETTE, se mettant à genoux.

Monseigneur, je viens vous demander une grace. Tous les gens du village à qui j’ai parlé ce matin, m’ont dit que vous aimiez votre cousine, et que vous ne m’avez fait la cour que pour vous divertir tous deux ; on se moque de moi quand je passe, et je ne pourrai plus trouver de mari dans le pays, après avoir servi de risée à tout le monde. Permettez-moi de vous rendre le collier que vous m’avez donné, et de vivre en paix chez ma mère.

CAMILLE.

Tu es une bonne fille, Rosette ; garde ce collier, c’est moi qui te le donne, et mon cousin prendra le mien à la place. Quant à un mari, n’en sois pas embarrassée, je me charge de t’en trouver un.

PERDICAN.

Cela n’est pas difficile en effet. Allons, Rosette, viens, que je te mène à mon père.

CAMILLE.

Pourquoi ? Cela est inutile.

PERDICAN.

Oui, vous avez raison, mon père nous recevrait mal ; il faut laisser passer le premier moment de surprise qu’il a éprouvé. Mens avec moi, nous