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La garde nationale, consultée, répondrait sans doute aussi de la sorte, au risque de voir M. Persil et M. Thiers donner leur démission, car M. Thiers, qui, dans son voyage à Dieppe, a fait beaucoup de caresses à quelques hommes de l’opposition anti-dynastique, M. Thiers est, avec M. Persil, l’un des verrous qui ferment en ce moment les portes des cachots sur les imprudentes victimes de cette opinion.

On assure au reste que le président invisible du conseil, cédant à une bénigne influence, s’est relâché de l’inflexibilité qu’il avait toujours montrée depuis quatre ans, lorsqu’il avait été question des détenus politiques, et qu’il a parlé de remettre l’amnistie générale jusqu’à l’époque du mariage d’un prince ou d’une princesse de la famille royale ; comme si nous vivions dans un temps où les actes politiques peuvent dépendre de pareilles circonstances. Il est certain toutefois, soit que les princes se marient, soit que M. Persil reste ministre, que la cour des pairs se déclarera compétente, si les accusés sont traduits devant elle. La chambre des pairs aurait l’occasion de prendre un beau rôle en cette circonstance, si elle prononçait elle-même judiciairement l’amnistie.

Le refus de M. Molé d’accepter la vice-présidence de la chambre des pairs qui lui était offerte, a causé un léger trouble au château. M. Molé avait adressé, à ce sujet, une lettre au Moniteur dont on a refusé l’insertion. Il paraît que M. Molé trouvait avec raison qu’il ne lui convenait pas d’être placé comme vice-président en quatrième ligne, après M. de Portalis et M. de Broglie. Les dissentimens qui existent entre M. Guizot et M. Molé expliquent encore mieux le refus de ce dernier.

Le ministère constitue les chambres en attendant que les chambres constituent le ministère. Il est question de rapprocher l’époque de leur convocation ; c’est un acte généreux de la part des ministres qui rapprochent ainsi pour la plupart l’époque où cesseront leur fonctions. Jusqu’à ce moment, le ministère se traînera sans doute tel qu’il est, à moins que le maréchal Gérard n’ait la velléité de remplir les fonctions que lui donne son titre, et de se dérober à la tyrannie de M. Thiers et de M. Persil. Mais il est peu probable que le maréchal Gérard, tout vaillant soldat qu’il soit, se décide à cet acte de courage.

La nomination de M. Rivet, ancien préfet du Gard, à la direction politique du cabinet du ministère de l’intérieur, va, dit-on, entraîner quelques changemens dans ce ministère. On parle de le diviser en quatre grandes directions : les chefs de division travailleraient avec les directeurs qui prendraient seuls les ordres du ministre, et termineraient les affaires sans sa signature. Dans cette nouvelle répartition, M. de Guizard, qu’on dit rempli de vues très droites, aurait sous sa direction les