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trée par mer, équivaut à plus de 25 p. 100 du prix des houilles de l’intérieur, rendues à nos ports de mer, et cependant les houilles étrangères entrent pour plus d’un tiers dans notre consommation. Le droit restrictif n’est donc pas ici complètement exclusif de la concurrence étrangère ; il laisse nos exploitations soumises à une excitation plus vive par la rivalité de l’Angleterre et de la Belgique, que ne ferait une prohibition. La minorité de la commission a donc évidemment exprimé son opinion en termes trop absolus.

Mais, au fond, son opinion est parfaitement juste ; la protection par les taxes, la pondération des tarifs est une mauvaise théorie. Ce sont choses ruineuses et rétrogrades, bien qu’à un degré différent, que les prohibitions et les restrictions. En principe, il est impossible de proscrire les unes sans condamner les autres. Elles ont la même origine, et tendent au même but ; ce sont deux expressions plus ou moins forcées de la même pensée, deux modes de réalisation plus ou moins absolus du même système, de ce système qui consiste à protéger l’industrie, non pas par une impulsion directe et féconde de l’industrie nationale, mais par la répulsion de l’industrie étrangère. Cette répulsion est plus ou moins complète ; mais il en résulte également un prix factice du produit ainsi protégé, prix variable bien plutôt en raison des erreurs ou des caprices du tarif, que des richesses naturelles du territoire, ou du génie des habitans, ou des progrès suscités par la concurrence intérieure.

La nouvelle école économique est d’autant plus portée à refuser la dénomination de système protecteur au système qui protège par les douanes, les prohibitions et les restrictions, qu’à la place de ce système négatif, répulsif, restrictif, elle conçoit un autre système dont le gouvernement, c’est-à-dire la législature, l’administration et les autorités locales, auraient, chacune dans leur sphère, l’initiative, système qui mettrait le territoire en valeur, et féconderait toutes les forces vives et matérielles de la société et du pays, en agissant directement sur elles, et non en perpétuant par les douanes la guerre qui a si long-temps retardé et entravé les sociétés européennes.

Mais avant d’arriver au développement de cette idée, il faut montrer que le système restrictif tombe et périt chez les peuples les plus avancés, chez nous et hors de nous. Interrogeons donc d’abord l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis, l’Espagne, la Suisse ; puis notre histoire et les faits surtout, accomplis depuis quatre ans, et qui ont amené les circonstances au milieu desquelles se produit l’enquête actuelle. Ainsi nous aurons montré comment la réforme commerciale est devenue chez nous question de premier ordre. Il nous restera à dire comment, pour la réa-