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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

nôtres, devait cependant imposer à la Saxe des restrictions que jusqu’alors son industrie n’avait pas connues. Ainsi, la Saxe devait se ménager en dehors de la Prusse toutes les issues possibles, et garder le cours des fleuves qui portaient ses produits au reste de l’Europe. Dans la ligue de 1828, elle y avait réussi. Mais pouvait-elle lutter long-temps contre les efforts combinés de la Prusse et de la Bavière ?

Le 27 mai 1829, les deux associations, dirigées par ces deux puissances, conclurent entre elles un premier traité qui abolissait certains droits de douane et en réduisait d’autres. Ce premier pas fait, des négociations furent entamées avec quelques-uns des états contractans dans l’association saxonne, et enfin, le 25 août 1831, la Hesse se détacha de cette association, et entra dans l’union prussienne.

L’association saxonne, ainsi coupée par moitié, dut céder ; le 22 mars 1833, l’acte définitif d’association fut conclu entre la Prusse, la Bavière, le Wurtemberg, la Hesse-Grand-Ducale et la Hesse-Électorale. La Saxe adhéra le 30 mars suivant ; les duchés de Saxe et d’Anhalt, le 11 mai.

Cette union commerciale embrasse des territoires ayant une population de 23,264,000 habitans. Les états non contractans, Hambourg, Lubeck, Brème, le Holstein, les deux Mecklembourg, le Hanovre, Brunswick, Oldenbourg, Francfort, Nassau, le Luxembourg, le grand-duché de Bade, ont une population de 5,427,000 habitans. Celle des états allemands de l’Autriche est de 10,000,000 d’ames.

La Saxe, en adhérant à cette union, a donc renoncé à ses principes de liberté commerciale ? Jugez-en. Si elle était restée en dehors de l’association, cernée de tous côtés par des tarifs répulsifs, non-seulement ses relations avec la France et l’Angleterre se trouvaient à peu près complètement annihilées, mais elle perdait encore le marché de tous les états d’Allemagne, où jusqu’ici elle avait trouvé ses débouchés et ses approvisionnemens ; que si elle adhérait, au contraire, elle s’ouvrait un marché entièrement libre de près de 21 millions de consommateurs, et renonçait à des relations de peu d’importance avec des pays éloignés. Son choix ne pouvait être douteux. Elle a préféré la liberté commerciale avec l’Allemagne ; une source si considérable de développement dans son industrie lui donnera le temps d’attendre, sans en souffrir, le rétablissement de ses relations avec le reste de l’Europe sur l’ancien pied.

Je n’entrerai pas ici dans les détails de l’organisation de cette union de douanes ; cet acte d’un caractère diplomatique si nouveau, mérite d’être connu en entier.

Telle est l’association commerciale de l’Allemagne, objet de jugemens