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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

gers, union entre gouvernemens divers ; c’est donc un acte de liberté commerciale extérieure ; j’ajoute que c’est un événement européen, un enseignement qui portera ses fruits, et dont l’influence ne tardera pas à se faire sentir.

Cette influence, il paraît que déjà le gouvernement français l’aurait ressentie. On assure qu’il a ouvert des négociations avec l’association allemande pour établir des adoucissemens mutuels dans les tarifs de l’association et dans le nôtre. S’il en est ainsi, grâces lui soient rendues : le négociateur d’un tel traité aura des droits certains à la reconnaissance du pays.


Je viens de citer un pays, la Saxe, qui a cru son éducation industrielle possible sans tarifs de douanes, et qui, sous l’empire de la liberté commerciale, s’est mis au premier rang des peuples manufacturiers. C’est, ai-je dit, un fait peu connu, et nous n’avons pas eu en effet depuis quinze ans un exposé de motifs de projet de loi de douanes qui n’ait répété que la liberté commerciale était une pure théorie inapplicable et inappliquée. Nous venons de rencontrer une preuve du contraire. Est-ce la seule ?


Il y a déjà plus d’un an que, m’occupant de la question d’Alger, je fesais connaître dans un journal quotidien des faits du même genre relatifs à Cuba, et extraits d’une notice pleine d’intérêt de M. de Humboldt.

« L’Espagne, disais-je, possède une colonie ou plutôt une station maritime que son importance et sa richesse placent au premier rang des possessions européennes dans l’Archipel américain ; objet d’envie de toutes les nations qui ont une grande marine, elle n’est restée soumise à la domination espagnole que parce que l’Angleterre, la France, et les États-Unis, qui l’ont également convoitée, n’eussent jamais souffert qu’elle fût conquise par l’une d’elles. Cuba, dont la population a triplé depuis 1791, et qui compte aujourd’hui 800,000 habitans environ, fait un commerce dont les évaluations en douanes s’élèvent à 200,000,000 francs ; ses revenus en 1827 étaient de 44 millions ; ils approchent aujourd’hui de 50 millions.

« Avec ces ressources, non-seulement Cuba entretient son état militaire, sa marine, forte de quatorze navires, portant deux cent quatre-vingts canons, ses fortifications, ses routes et travaux publics ; non-seulement elle rétribue ses autorités civiles et militaires, mais encore elle fournit à la métropole des sommes considérables dont la moyenne annuelle est de 15 millions ; depuis 1778, elle a donné à l’Espagne vingt-deux frégates,