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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

plus que réponses des chambres de commerce ou comités consultatifs d’arts et manufactures. Ouvrons-les.

Commencerons-nous par celle d’Amiens ? Voici la conclusion :

« Le gouvernement doit se borner :

« 1o À retirer le plus promptement possible les droits d’entrée sur les matières étrangères, qui n’ont été mis que dans l’intérêt du fisc ;

« 2o À alléger, autant que le permettront les besoins de l’état, tous les impôts qui, pesant directement sur la classe ouvrière, tendent à augmenter le prix de la main-d’œuvre ;

« 3o À examiner avec attention ceux des droits d’entrée sur des matières premières qui ont pour but de protéger l’agriculture ou la production de nos colonies, afin de reconnaître s’ils atteignent le but que l’on s’était proposé en les établissant ;

« 4o À rechercher les causes qui rendent notre navigation la plus chère de toutes celles connues, afin d’y remédier. »

Qu’est-ce que les impôts qui, pesant directement sur la classe ouvrière, tendent à augmenter le prix de la main-d’œuvre ? Apparemment, et sans compter le droit sur les vins et les octrois, ce sont tous les impôts qui rendent aux ouvriers leur pain, leurs combustibles, leur viande, leurs vêtemens, leur sucre, trop chers. En impôts de ce genre, nous avons les lois des céréales, le tarif sur les laines, sur les bestiaux, sur les cotons et les charbons de l’étranger ; nous avons les droits sur les fers qui font renchérir les bois ; nous avons le régime colonial qui nous fait payer le sucre de nos Antilles, cultivant sous l’empire du monopole, près du double de ce que nous coûterait le sucre de Cuba et de Porto-Rico, dont la liberté féconde le territoire.

Quels sont les droits d’entrée sur les matières premières qui ont pour objet de protéger l’agriculture ou nos colonies, et qui n’atteignent pas le but que l’on s’était proposé ? Ne sont-ce pas encore les droits sur les fers, sur les céréales, sur les laines, sur les sucres ?

Pour quelles causes notre navigation est-elle plus chère que toutes celles connues ? Le régime colonial, les droits sur les fers et sur les bois, sont au nombre de ces causes, sans doute.

Maintenant, par rapport au système restrictif, qu’est-ce donc que les droits sur les céréales, sur les fers, les laines, les houilles, les bois, les sucres, les bestiaux, sinon les fondemens même de ce système ? Qui s’attaque ainsi aux bases de cette antique institution ? D’honorables fabricans, tous dévoués au gouvernement, et qui déclarent, actifs, intelligens, économes, loyaux, comme ils le sont, qu’à cause de ces droits, qui pèsent directement sur l’ouvrier, c’est-à-dire sur la masse des consommateurs