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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

De toutes façons, on le voit, les meilleurs argumens pour la réforme commerciale, c’est à ses adversaires que nous les devons.

Maintenant, toute la réforme commerciale consistera-t-elle dans cet abaissement gradué et parallèle de tous les droits de douanes, en allant plus vite sur ceux qui élèvent le prix des matières premières, afin de donner aux établissemens actuels plus de facilités contre la concurrence étrangère ? L’ancienne économie politique la conçoit et la désire en ces termes ; et il est hors de doute que, par cette voie, il est possible d’arriver, sans secousses graves, à l’abaissement des douanes entre les peuples, à la liberté commerciale pure et simple, état de choses préférable de tous points au système que nous subissons aujourd’hui.

L’économie sociale adopte complètement aussi la possibilité, la justice, la nécessité de la réforme commerciale ; pour elle aussi, il est évident que l’abaissement successif des droits est une des premières et des plus importantes mesures de cette réforme ; mais elle en pose le problème en termes plus élevés et plus larges. Il le présente à elle sous cette forme : chercher les moyens d’opérer la réforme commerciale la plus rapide, la plus ménagée et la plus féconde : la plus rapide, dans l’intérêt des consommateurs ; la plus ménagée, dans l’intérêt des industries actuelles ; la plus féconde, dans l’intérêt de tous.

Il est clair que la solution de ce problème ne se trouverait pas seulement dans la diminution successive des droits de douanes pesant sur les matières étrangères, c’est-à-dire dans l’affaiblissement gradué d’un moyen répulsif. L’industrie nationale ne pourrait marcher très vite en présence des difficultés que lui susciterait un très rapide abaissement des droits à l’abri desquels elle s’est habituée à travailler, qu’à la condition d’être fécondée par une impulsion directe. Quels peuvent être ces moyens ? Ils sont nombreux ; au premier rang, nous mettrons de plus faciles approvisionnemens et de plus larges et de plus économiques débouchés, ou de meilleures voies de communication. Ceci est dans la puissance du gouvernement. L’autorité centrale, l’autorité locale, ont, entre leurs mains, d’immenses moyens à cet égard : il ne faut que vouloir. En même temps que le principe de la réforme commerciale viendrait s’inscrire dans notre système de douanes, que le gouvernement jette donc les bases d’un vaste ensemble de travaux publics conçus dans une pensée de liberté commerciale, c’est-à-dire un système de voies de communication qui prendrait pour centres nos grands foyers de production de matières premières ou d’objets d’importantes fabrications, et leur donnerait les matières premières ou les débouchés à plus bas prix. Dans la conception et la confection de ce plan, il y a pour le corps des ponts-et-chaussées, ce corps, l’un des meilleurs