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L’ARÉTIN,

SA VIE ET SES ŒUVRES.


Deuxième Partie[1].

La Vie de Venise.

Richelieu reprochait à Corneille de n’avoir pas d’esprit de suite : c’est celui qui conduit à la richesse ; c’est l’esprit d’ordre dans les affaires, de calcul personnel, d’intérêt vigilant ; l’art de ne négliger aucun avantage, de mettre à profit les chances, d’accumuler les gains, de prévoir les pertes, de réparer les torts du hasard, de préparer l’avenir, de tendre ses filets et d’aiguiser les hameçons de sa fortune. Il est rare que la supériorité de l’intelligence s’allie à ce talent utile. Vous ne l’aviez pas, pauvres grands hommes, Cervantès et Corneille, Shakspeare et Tasse, Dante et Milton ; vous, tout ce que l’humanité a créé de plus grand et de plus malheureux ! L’Arétin, au contraire, mettait, dans sa vie en ap-

  1. Voyez le numéro du 15 octobre.