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faites ? L’effet de ces influences secondaires n’est pas à dédaigner. Le seul aspect de la salle de la Convention excitait les esprits à la violence, et sans la disposition matérielle du conseil des Cinq-Cents, à qui vingt fenêtres basses donnaient des issues naturelles, Bonaparte eût peut-être péri le 18 brumaire.

M. de Talleyrand, qui fait un tableau fort rembruni de l’avenir de l’Angleterre, ne semble pas très empressé d’y revenir. Son séjour à Valençay, qui se prolongera beaucoup cette année, va être signalé par une fête vraiment royale. Les ministres et les princes devaient y assister, et M. de Rigny, qui vient d’être pourvu, par ordonnance, de l’intérim du ministère de la guerre, était déjà en route pour Valençay où il comptait passer sa lune de miel. Deux portefeuilles sont une charge un peu lourde pour un nouvel époux déjà chargé d’une dot de quelques millions ; mais M. de Rigny ne reculera devant aucun de ces fardeaux, et il chargerait même volontiers ses épaules de la présidence du conseil.

M. Thiers, dont le lit était déjà fait à Valençay, restera cependant. Le télégraphe le réclame, et d’ailleurs on ne quitte pas Paris au moment d’un remaniement de ministère. M. Thiers est trop habile pour ne pas garder son portefeuille jusqu’à l’époque de l’ouverture des chambres. Mais il est douteux qu’il résiste alors. Les députés de toutes les nuances qui sont à Paris ne font pas mystère de leurs intentions. M. Thiers a passé le front levé au milieu de trop de scandales ; il sera sacrifié ! Ajoutez qu’on lui impute en grande partie la retraite du maréchal Gérard, qui ne lui sera pas pardonnée par la chambre.

Il faut rendre justice à M. Thiers. Il est resté durant toute cette semaine fort étranger aux intrigues politiques. Son discours de réception à l’Académie l’a occupé d’une manière exclusive, et rien n’a pu le distraire de ce travail. Toutes les affaires ont été ajournées, toutes les décisions suspendues ; on n’admettait dans le cabinet du ministre que ceux qui venaient lui parler de son discours ; les grammairiens et les puristes étaient seuls écoutés, et chaque soir on faisait une lecture des parties achevées du morceau, qui ont eu un immense succès dans le cercle intime. En général, depuis quelque temps, M. Thiers ne s’occupe que de littérature ; il parle sans cesse de reprendre ses anciens travaux, et de se retirer pour continuer l’Histoire de la révolution française. Il faut espérer que M. Thiers réalisera ces projets. Les chambres n’encourageront pas que les lettres en le rendant à la vie littéraire.

Un petit scandale, dont la société de Paris s’est amusée, a eu lieu à l’occasion d’un des mariages qui ont été contractés, il y a quelques jours, par quelques ministres passés et présens. L’un d’eux avait employé pour inter-