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sentimens sont pleins de générosité et d’autant plus estimables, qu’elle les soumet à la raison et aux justes considérations du bien et du salut de son Estat. Je la supplie de ne craindre jamais de les communiquer à ses créatures, et de croire que de plus en plus elles s’étudieront à les faire réussir à son contentement et à son avantage. Je souhaite votre gloire, plus que jamais serviteur qui ayt été n’a fait celle de son maître, et je n’oublierai jamais rien de ce que j’y pourray contribuer. Les singuliers témoignages qu’il vous pleut hier de me rendre de votre bienveillance, m’ont percé le cœur. Je m’en sens si extraordinairement obligé que je ne saurois l’exprimer. Je conjure, au nom de Dieu, Votre Majesté de ne se faire point de mal à elle-même par aucune mélancholie, et moyennant cela, j’espère que, par la bonté de Dieu, elle aura tout contentement. Pour moi, je n’en auray jamais qu’en faisant connoître de plus en plus à Votre Majesté, que je suis la plus fidèle créature, le plus passionné sujet et le plus zélé serviteur que jamais roy et maître ayt eu au monde. Je vivray et finiray en cet estat comme estant cent fois plus à votre majesté qu’à moy-même. »


Toutes les lettres écrites au roi ou aux deux reines rappellent ce caractère de soumission et d’affectueux dévouement. Il n’en est pas de même de celles qui s’adressent au frère du roi, Gaston, premier auteur de la maison royale d’Orléans, et en même temps fondateur et chef suprême d’un royaume de Vauriennerie, où il prêchait d’exemple.

On en pourra juger.


À MONSEIGNEUR LE DUC D’ORLÉANS.

« Si la considération de Dieu, de votre réputation et de la supplication de vos serviteurs vous ont donné tel pouvoir sur votre langue, qu’elle ne s’emporte plus aux juremens auxquels vous aviez fait une si mauvaise habitude, j’espère que les mêmes considérations vous donneront encore le moyen de vous contenir, en sorte que le monde ne sera plus à l’avenir scandalisé par vos actions, ny Dieu offensé par vos incontinences. Je sais bien, monseigneur, que c’est beaucoup désirer d’une âme qui a fait un grand