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tres, pour les empêcher de comprendre qu’il est même de leur intérêt le plus matériel de représenter un ouvrage de M. Berlioz.

L’empressement du public et des artistes à ses concerts prouve assez que ce n’est pas un de ces hommes qu’on accueille avec indifférence. La première séance était composée en entier de morceaux déjà connus. La symphonie a produit son effet accoutumé, et cette audition nouvelle a confirmé la haute admiration que nous avions déjà pour certaines parties de cette œuvre. L’ouverture du Roi Lear est d’une belle ordonnance. C’est là un morceau qui se développe et se conclut. Aujourd’hui que les tristes musiciens, maîtres de notre scène, se sont mis à composer leurs ouvertures avec de vulgaires motifs de leurs opéras, qu’ils nous font entendre ainsi deux fois lorsque c’était déjà trop d’une, il faut louer ce retour vers la manière large et consciencieuse de Mozart et de Beethoven. La phrase qui naît vers les dernières mesures, est surtout pleine de mélancolie et de fraîcheur. Je n’aime pas le chant de Sara ; la teinte gothique jetée sur ce morceau, n’est pas d’un effet heureux : on dirait que c’est là une mélodie écrite il y a vingt ans, et qui depuis a vieilli. En général, je crois que les jeunes musiciens feront bien de se défier à l’avenir de la strophe poétique ; ce rhythme, qui d’abord séduit, les contraint à n’employer jamais que la même formule, et leur musique en devient parfaitement monotone. M. Berlioz annonce, pour ses prochains concerts, un grand nombre de compositions nouvelles. C’est un spectacle intéressant que le développement successif d’une intelligence en progrès. Le public verra sans doute avec plaisir le jeune maître abandonner les tournures bizarres qu’il affectait d’abord, pour le style simple et vraiment beau. Nous avons foi dans l’avenir de M. Berlioz. Sous les fils les plus embrouillés de ses œuvres premières, on sentait déjà se débattre le papillon divin qui tôt ou tard ouvrira ses ailes.


B. H.


Suites à Buffon. — Depuis l’époque où nous avons entretenu nos lecteurs pour la dernière fois de cette belle collection, elle s’est accrue de deux livraisons nouvelles concernant la botanique. Elle est aujourd’hui parvenue à sa huitième ; celle-ci forme l’introduction à l’étude des végétaux. L’auteur, M. Adolphe Decandolle, fils de l’illustre botaniste de Genève, et professeur à l’Académie de cette ville, s’est montré dans ce travail le digne héritier des vastes connaissances et des idées philosophi-