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REVUE DES DEUX MONDES.

— Mettez vite votre bel habit violet, pour aller à la fête avec le cloarec.

Le cloarec joyeux disait, en arrivant à l’aire neuve.

— Jouez, sonneurs, jouez le bal, que ma douce et moi nous dansions !

Jouez haut, sonneurs, jouez vite, que ma douce et moi nous entrions en plaisirs.

Je vous donnerai à chacun un louis d’or, si vous réjouissez deux pauvres cœurs malades. —

Les gentilshommes de Lamballe disaient : — Le cloarec est arrivé à l’aire neuve.

Le cloarec est arrivé à l’aire neuve et sa douce jolie à ses côtés.

Les gentilshommes de Lamballe disaient, ce jour-là, au cloarec de Laoudour.

— Tu as de bien beaux rubans à tes habits ; apparemment que tu veux paraître notre égal ?

— Messieurs et barons, excusez-moi ; votre bourse était fermée quand ces rubans furent payés.

Je ne me battrai pas avec vous comme un mendiant, messieurs, mais pour jouer du sabre, tant qu’il vous plaira. —

Avec chacun d’eux était un sabre nu, mais dans la main du cloarec il y avait un penbas !

Oh ! dur serait le cœur qui n’eût pas pleuré en voyant l’aire neuve ;

En voyant, dans l’aire neuve, l’herbe rougie et le sang des gentilshommes qui ruisselait.

Mais la pennerès de Keryaudet pleurait et ne trouvait personne pour la consoler.

Elle ne trouvait personne pour la consoler, excepté le cloarec ; mais celui-là la consolait.

Celui-là lui disait sans cesse : — Taisez-vous, jeune fille, ne pleurez pas.

Taisez-vous, jeune fille, ne pleurez pas, d’ici que vous ne voyez mon sang courir à terre.

Et quand vous verrez tomber la dernière goutte, alors seulement songez à mourir. —