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nous en avons déjà longuement parlé dans le pays de Tréguier[1] ; et d’ailleurs, le poème des Aventures d’un jeune Bas-Breton, dont nous allons donner une analyse détaillée, est lui-même un sône véritable, dont le cadre s’est élargi, et où les détails ont pris de plus larges proportions. Nous passerons donc sur-le-champ aux poèmes proprement dits.

Nous conservons le nom de poèmes aux œuvres didactiques soumises à un plan fixe, développé, et dont la longueur dépasse les bornes des pièces ordinaires. On peut citer, dans ce genre, le Michel Morin, de Lelaë ; l’Enfant avisé, de Legall de Guimilliau ; Dieu et l’homme, par Le Clerch ; enfin les Aventures d’un jeune Bas-Breton et la Révolution française. Ces deux derniers poèmes surtout méritent une attention spéciale.

Les Aventures d’un jeune Bas-Breton[2] sont évidemment l’ouvrage d’un cloarec qui a fait ses études. Ce poème de plus de treize cents vers contient beaucoup d’imitations classiques qui prouvent la connaissance des auteurs latins ; mais on y trouve aussi le jeune paysan naïf et chaud de cœur. Nous en donnerons une analyse détaillée, parce que ce sera pour nous un moyen de compléter ce que nous avons déjà dit précédemment. Ceci est l’Odyssée de l’étudiant Bas-Breton. C’est le récit du voyage que son ame fait autour des illusions de la vie, avant d’arriver à la patrie terrestre que Dieu lui a donnée ici-bas : le désenchantement et la résignation ! Ce livre est moins un livre qu’une confession. C’est un journal de pensées et d’émotions, tenu heure par heure, un roman qui commence, continue et s’achève au fond du cœur, sans qu’il y ait autrement de drame extérieur que dans la vie la plus vulgaire. C’est, en un mot, l’histoire d’un cloarec qui aime, qui lutte contre son amour, parce qu’il l’arrache à ses études, puis cède, puis entend la voix de Dieu qui l’appelle parmi ses prêtres ; qui fuit alors celle qu’il avait choisie, tombe ensuite dans le désespoir en apprenant son mariage, et qui, enfin, tiède, douteur et ennuyé, prend lui-même une femme parmi les femmes, uniquement pour qu’il y ait

  1. Voyez la livraison du 15 juin.
  2. Aventuriou un den yaouanq a vreiz izel. — Un vol.  in-18. E Montroulez e ty Leidan.