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LETTRES D’UN ONCLE.

Ceux-là se repentent et travaillent, non pour rentrer dans cette vie mortelle, mais pour l’expier ; ils disent la vérité aux hommes sans crainte de les blesser, car ceux qui ne sont plus du monde n’ont rien à ménager, rien à redouter ; on ne peut plus leur faire ni bien ni mal ; on ne peut plus les faire tomber ; ils se sont précipités. Puissent-ils, comme Curtius, apaiser la colère céleste et fermer l’abîme derrière eux !

Mais il me semble, Paul, que je deviens emphatique ; heureusement j’aperçois venir mon vieux Malgache : il y a quinze mois que je ne l’ai vu, il vient tout essoufflé, tout palpitant de joie. Le voilà sous ma fenêtre ; mais, diable ! il s’arrête ; il vient d’apercevoir une violette difforme, il la cueille, et cela lui donne à penser. Me voilà effacé de sa mémoire ; si je ne vais à sa rencontre, il retournera chez lui avec sa violette monstre, et sans m’avoir vu. J’y cours. Adieu, Paul.


George Sand.