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celle des autres oiseaux, est très propre à lui faire exécuter cette opération. La partie supérieure de son corps, depuis la nuque jusqu’au croupion, est très large, et on aperçoit dans son milieu une dépression considérable qui semble faite pour recevoir les œufs ou les petits oiseaux que le coucou veut rejeter ; vers le douzième jour, la cavité s’efface, et l’animal perd en même temps le désir de jeter les objets dont il est entouré. »

Ce que dit Jenner de la conformation particulière que présente le coucou dans les jours qui suivent sa naissance, n’offre rien de plus extraordinaire qu’une foule de dispositions qu’on observe chez d’autres animaux à une époque déterminée de leur développement, et qui disparaissent quand les besoins auxquels elles sont destinées à satisfaire, viennent à cesser ; toutefois de pareils faits ne peuvent être admis qu’après une vérification qui doit être plus scrupuleuse à mesure qu’ils s’écartent plus du cas général, et celui-là demanderait peut-être un nouvel examen.

Une fois, Jenner trouva dans un même nid deux coucous et une fauvette qui étaient éclos dans la matinée ; en quelques heures, les deux coucous commencèrent à se disputer la possession du nid, et leur dispute dura jusqu’au lendemain après-midi. Ce fut alors seulement que le plus gros parvint à jeter l’autre hors du nid, ainsi que la fauvette et un œuf qui n’était point éclos. Jusque-là les combattans semblaient avoir alternativement l’avantage, et chacun portait successivement son antagoniste jusqu’au bord du nid, d’où il retombait au fond, accablé sous le poids de sa charge. Enfin, après beaucoup d’efforts, le plus robuste l’emporta, et il fut le seul qui fut nourri par les fauvettes.

Le colonel Montagu rapporte, dans l’introduction du Dictionnaire ornithologique, des faits dont il a été témoin, et qui confirment pour tous les points essentiels ce qu’avait avancé Jenner. « Un paysan, dit-il, me fit voir dans son jardin un nid de friquets qui contenait un jeune coucou, et m’apprit qu’il s’y trouvait déjà quatre œufs quand l’étrangère y vint mettre le sien. Un matin, en allant à sa journée, il vit que le petit coucou et deux de ces friquets étaient éclos pendant la nuit ; le soir, quand il revint, il n’y avait plus dans le nid que le petit coucou, tout le reste avait disparu. Désirant depuis long-temps observer les manœuvres qu’em-