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HISTOIRE NATURELLE.

je lui colorai les ailes avec de la teinture écarlate, je fixai sur sa tête un morceau de drap rouge, et je la remis aussitôt en liberté.

« Placé le lendemain de manière à pouvoir l’observer, je la vis, au point du jour, s’abattre auprès du même nid de bergeronette, et y enfoncer la tête. Dès qu’elle en fut éloignée, je m’approchai du nid, et je vis qu’elle venait de déposer son œuf. Dans l’espace de quatre heures environ, elle revint plus de cinquante fois dans le même bois, tantôt s’y arrêtant, tantôt passant avec rapidité. Trois jours après, je la vis dans un autre canton du même lieu, et pendant plus de six semaines, je la retrouvai successivement dans les cantons de six ou sept mâles, qu’il m’était presque toujours possible de distinguer par leur chant qui varie suivant l’âge, et je la vis s’accoupler successivement avec deux. Plusieurs œufs, provenant certainement de cette femelle, furent trouvés en différens endroits du bois par les gardes qui m’aidèrent dans cette recherche.

« Les coucous, comme cela a été observé par plusieurs auteurs, sont très ardens en amour. C’est dans l’attente de la femelle que le coucou mâle s’agite et change à chaque instant de place pendant la saison des amours ; c’est pour l’appeler et l’inviter à le choisir qu’il répète incessamment son cri ; et lorsqu’à son tour elle fait entendre le gloussement qui est son cri d’appel, il se précipite vers elle et la poursuit avec rapidité. On voit souvent une femelle entraîner ainsi à sa poursuite plusieurs mâles à la fois qui s’en disputent la possession par de violens combats.

« J’ai ouvert plusieurs femelles de coucous à l’époque des amours, et je ne leur ai jamais trouvé que deux œufs : l’un dans l’oviducte et prêt à sortir, l’autre encore attaché à l’ovaire ou un seul œuf à l’entrée de l’oviducte, et à l’ovaire, l’enveloppe déchirée d’un œuf récemment sorti. Dans l’un et l’autre cas, les ovules étaient toujours à peu près égaux en grosseur. »

Ces observations, et plusieurs autres que nous ne rapporterons pas, ont conduit M. Prévost aux conclusions suivantes :

1o  La femelle de coucou est essentiellement polygame ;

2o  L’action du mâle ne féconde qu’un ou deux ovules seulement ;