Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LETTRE POLITIQUE.


ii.

RÉCLAMATION DES ÉTATS-UNIS.

Londres, 26 janvier 1835.


J’assistais le 1er  avril 1834 à une séance de votre chambre des députés, débats solennels dont j’ai gardé mémoire. M. de Broglie descendait de la tribune dans un état d’agitation qui se manifestait sur sa figure pâle et convulsive ; M. Guizot lui pressa la main, et les deux ministres échangèrent un regard maladif. M. de Broglie, interpellé par M. Berryer sur l’existence d’un traité avec l’Espagne acquittant huit millions de la créance américaine, avait balbutié une réponse vague. Vainement M. Sébastiani parla de la probité ministérielle, de la triste accusation que ferait peser sur le cabinet le rejet du traité américain ; la chambre paraissait inquiète, mal disposée, et quand le moment du scrutin arriva, M. Dupin, avec une malicieuse gravité, déclara que le projet de loi sur la créance des États-Unis était rejeté à la majorité de huit voix.

J’avoue qu’en sortant de cette séance, je crus à la retraite de tout le ministère ; habitué aux formes constitutionnelles de l’Angleterre, je ne