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qu’autour de nous se firent entendre de tous côtés d’autres voix et d’autres instrumens ; les habitans de la ville étaient assis sur leurs toits et sur les parapets qui les entourent en forme de galerie ; ils jouaient, les uns la flûte, les autres la mandoline ou le violon ; et comme ils ne s’étaient point concertés, c’était un singulier mélange dans lequel il était impossible de saisir aucune mélodie. Nous reprîmes nos chants élégiaques, et soudain toute cette musique fit silence.

La forme caractéristique adoptée le plus généralement pour les chansons populaires de l’Italie, est le ritornello qui se compose de trois vers, dont la mesure est arbitraire, ainsi que le nombre des syllabes qui les composent ; le premier vers est ordinairement le plus court et souvent n’a pas plus de deux pieds ; les deux autres en ont rarement moins de cinq. Lorsqu’à une ancienne mélodie de ritornello, on veut adapter des paroles nouvelles ou improvisées, il est permis, pour remplir la forme mélodique, de traîner ou de répéter la syllabe.

La mélodie des chansons à une voix est toute différente de celle des chants destinés à être exécutés par un chœur ; elle est telle dans ces derniers, que la seconde partie se trouve tout naturellement ; une seconde voix peut très bien les accompagner en chantant la mélodie dans la tierce inférieure ou la sixte supérieure. À Rome et dans tous les environs, on entend des chœurs composés de jeunes gens et de jeunes filles chanter de la même manière que les chanteurs du pape exécutent le plain-chant grégorien ; les voix de soprano et de tenor chantant la mélodie que l’alto et la basse taille exécutent une tierce plus bas, les premiers comme les seconds séparés entre eux par l’octave.

En traversant Siena par une nuit de dimanche avec un veturino, je trouvai toutes les rues remplies de jeunes gens qui chantaient en chœur de cette manière.

Ces chœurs, dont la mélodie est généralement belle et gracieuse, n’ont, au reste, rien de bien surprenant ; ils ont quelque ressemblance avec nos petites chansons à deux parties ; ils sont presque tous dans le ton majeur.

Quant aux chants destinés à être rendus par une seule voix, ils ont, pour la plupart, un caractère mélodique si extraordinaire, qu’il