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HOMMES POLITIQUES DE LA BELGIQUE.

du candidat qu’ils soutiennent, menaçant au besoin les récalcitrans de leur chicaner les billets de confession.

Aux dernières élections, quelques libéraux résolurent de ranger de leur côté, par la ruse, cette force brutale et décisive, et en conséquence ils se placèrent de grand matin aux portes de leur ville, pour attendre la venue des paysans. Lorsque ceux-ci se montrèrent avec leur cortége habituel, les loups constitutionnels, revêtus de la peau des agneaux catholiques, se glissèrent traîtreusement au milieu de l’innocent troupeau, et là, feignant de voter aussi pour le candidat des curés, ils escamotaient habilement la carte catholique, et y substituaient une autre carte semblable, portant le nom du candidat opposant. Mais la manœuvre resta sans succès, et cette fois le libéralisme en fut pour sa courte honte.

Les premiers noms que l’on rencontre à la tête du parti catholique sont ceux de Mgr Van Bommel, évêque de Liége, et de Mgr Sterx, archevêque de Malines. Ces deux personnages ne prennent pas, il est vrai, une part active et avouée aux affaires du gouvernement, mais on les regarde comme la pensée incarnée du synode. Les autres dignitaires ecclésiastiques transmettent leurs volontés aux branches les plus infimes du clergé, et par ces divers canaux les eaux de la grace et de la saine doctrine apostolique se répandent dans toutes les parties de la population.

M. Félix de Mérode, ministre d’état sans portefeuille, est, par leur influence, placé au conseil pour le maintenir dans la droite voie, tandis que l’amitié bien connue qui lie M. de Theux, ministre de l’intérieur, à Mgr de Malines, donne aux chefs de l’église toute garantie pour la direction et le maniement des affaires. Le premier peut être considéré comme un ambassadeur du pouvoir spirituel auprès du pouvoir temporel ; le second, comme un général d’armée qui met les plans en œuvre. Du reste, il n’y a rien à dire de particulier sur les antécédens de Mgr Sterx, sinon qu’il est fils d’un fermier de M. le baron d’Hoogvorst.

Quant à Mgr Van Bommel, évêque de Liége, il a déployé, dans la courte carrière qu’il a parcourue jusqu’ici, plus de tact et de finesse qu’il n’en faudrait pour illustrer un diplomate. C’est un homme d’un esprit cultivé, aimable, et dans toute la vigueur de