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REVUE DES DEUX MONDES.

Il est bien évident par ce passage, et je pourrais en citer vingt autres tout aussi concluans, que l’on représentait au ive siècle des pièces parlées, dialoguées, souvent accompagnées de chants ; mais rien ne prouve dans le morceau que je viens de transcrire, que ces paroles fussent composées à l’avance, et que ces dialogues bouffons et licencieux fussent autre chose que des scènes improvisées, des mimes.

Mimes.

En effet, les mimes ou petits drames familiers, dans le genre des canevas du théâtre italien ou de nos proverbes dramatiques, étaient encore en vogue sur les théâtres grecs et romains au ive siècle. Ces petites pièces se jouaient sans grand appareil, dans l’orchestre même et sur le thymélé, non sur le pulpitum, comme la haute comédie. Les acteurs, ainsi plus rapprochés des spectateurs, n’avaient pas besoin du brodequin pour se grandir ; ce qui leur fit donner le nom de planipedes. L’absence du masque fut aussi cause que presque toujours les rôles féminins dans les mimes purent être joués par des femmes. Telles étaient les différences de mise en scène qui distinguaient les mimes de la comédie véritable. Quant au fait de l’improvisation, il est loin d’être universel. Ces pièces furent tantôt écrites, tantôt improvisées. Il nous reste de très beaux et très nombreux fragmens des mimographes anciens grecs et romains. Quant aux sujets de ces pièces, le témoignage unanime des Pères de l’église prouve qu’elles roulaient sur des intrigues de galanterie et des mésaventures de tuteurs et de maris trompés. Il paraît aussi que les philosophes et les médecins y étaient souvent ridiculisés. Les mimes offraient déjà, comme on voit, à peu près les mêmes sujets et les mêmes personnages que ceux qui ont passé depuis sur la scène italienne et de là sur la nôtre.

Ce sont là, direz-vous, de simples parades populaires, de ces parades comme il n’en a jamais manqué, à aucune époque, sur aucun tréteau ; mais la tragédie ! mais la comédie véritable ! la comédie écrite, la comédie littéraire ! mais la tragédie avec son appareil colossal et grandiose ! pouvez-vous prouver qu’elles existassent encore au ive siècle ?