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REVUE DES DEUX MONDES.

Querolus.

Le trésor a donc été entre tes mains ?

Mandrogerus.

Certainement.

Querolus.

Tu ne sortiras pas d’ici que tu ne m’aies rendu ce que tu avoues avoir été en ton pouvoir.


Pressé de questions, Mandrogerus, pour se disculper du vol, est forcé de raconter comment, après avoir emporté l’urne, il l’a jetée dans la maison. Querolus fait apporter les débris du vase : « Les reconnais-tu ?

Mandrogerus.

Oui, certes.

Querolus.

Tu les reconnais ! lis donc cette inscription.

Mandrogerus.

Je l’ai déjà lue ; mais je vais la relire : Ci-gît Trierinus, fils de Tricipilinus.

Querolus.

Tu le vois, scélérat ! tu as lésé les intérêts des vivans, et tu as mis la main sur les cendres des morts ! Non content d’avoir enlevé l’urne funéraire et les cendres de mon aïeul, tu as lancé par une fenêtre ces vénérables restes ! que réponds-tu à cela ? tu as violé un tombeau, scélérat ! non-seulement tu as pillé ma maison, tu l’as encore souillée d’un sacrilége ! »


Pour bien comprendre tout ce qu’il y a de vraiment comique dans la situation de Mandrogerus, placé entre cette double accusation de vol ou de sacrilége, il faut savoir que la destruction des tombeaux était, au ive siècle, un délit devenu si commun, que les lois les plus sévères furent alors portées pour le réprimer. On trouve même, dans les poésies de saint Grégoire de Nazianze, seize pièces en vers iambiques, contenant des imprécations contre les violateurs des sépultures. Les angoisses et l’embarras du fourbe Mandrogerus tombé dans son propre piége et qui s’estime heureux de se retirer les mains vides, terminent cette comédie, à