Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
DES PARTIS ET DES ÉCOLES POLITIQUES.

trop de prudence pour compromettre, dans une lutte directe avec la représentation vivante de la classe moyenne, une existence précaire et en quelque sorte excentrique.

Le roi Louis-Philippe est également trop homme d’esprit et de sens pour reposer paisiblement la tête sur l’oreiller trompeur de l’inviolabilité royale. Elle est écrite sans doute dans la Charte de 1830 ; mais le droit de passer des traités y est aussi, et nous doutons fort qu’après les insomnies causées par la convention américaine, la couronne soit tentée d’en user encore. N’y a-t-il pas également dans la Charte de 1830 un article 62 qui autorise le roi à faire des nobles à volonté ? et pourtant il ne serait pas téméraire d’affirmer que le gouvernement, qui a pu la loi d’association contre les républicains, le siége d’Anvers contre l’Europe, ne pourrait pas faire la chose la plus inoffensive du monde, un marquis.

En face de la chambre élective, la royauté est moins une des forces indépendantes de la constitution, que l’instrument même de sa suprématie. Ne suffit-il pas, pour s’en convaincre, de songer à la rigueur avec laquelle l’école la plus favorable à la prérogative royale n’a pas manqué, dans diverses occasions, de la rappeler à la plus étroite dépendance parlementaire ?

Pour concilier cette force du pouvoir, qui s’est si énergiquement manifestée depuis quatre ans, avec l’impuissance qui le saisit soudain dans l’exercice de ses prérogatives constitutionnelles ; pour avoir le secret d’une foule de contradictions apparentes, il ne faut pas le chercher dans le texte de la Charte, mais dans le commentaire qu’y ont inscrit les évènemens ; il ne faut pas voir dans l’œuvre du 7 août la consécration d’un équilibre entre trois pouvoirs indépendans, mais la forme dans laquelle s’est volontairement encadrée une force souveraine.

S’agira-t-il de la garantir des attaques dont elle peut se croire menacée ? on obtiendra de cette force un concours prompt et sans réserve. Elle ne sera point arrêtée par des scrupules de légalité, dont elle n’a pas la conscience, si l’ordre au dedans, si la paix au dehors sont compromis ; car l’ordre public et la paix européenne forment les bases essentielles d’un établissement politique fondé sur l’industrie et le travail. Rien ne sera donc refusé au pouvoir, si, en parlant devant la représentation nationale, il porte la guerre et l’émeute dans les plis de sa toge.

Mais qu’il se garde d’en induire la possibilité de ramener la chambre, et l’opinion nombreuse qu’elle exprime, aux conditions normales de