Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
REVUE DES DEUX MONDES.

dans plusieurs conciles, il y a des traces de la communauté des femmes entre les chrétiens ; désordre qui avait lieu pendant la célébration des saints mystères. Il faut chercher dans le livre même tous les fragmens qui composent une peinture des mœurs des sectes chrétiennes.

De cette anarchie des six premiers siècles, des désirs populaires d’une liberté plus humaine, de l’ébranlement des imaginations, des recherches ardentes et irrégulières d’une nouvelle pratique sociale, est sortie la civilisation chrétienne qui constitua le moyen-âge. Ces temps avaient donc leur raison, puisqu’ils eurent leur effet. Tout cet enchaînement des intentions de Dieu, cette continuité des grandes lignes de l’histoire humaine à travers de spacieuses déviations, ont entièrement échappé à l’auteur de l’Examen du mosaïsme et du christianisme ; mais nous répétons que ceux qui veulent éclaircir pour eux-mêmes et pour d’autres les premiers temps du christianisme, doivent étudier M. Reghellini ; citations piquantes, chronique indigeste, érudition dont la candeur ne sait pas s’épargner les révélations scandaleuses, voilà qui suffit pour donner le courage d’une longue et laborieuse lecture.

Si M. Reghellini ne peut guère trouver aujourd’hui de suffrages sympathiques pour son adhésion exclusive aux manières de voir qui prévalaient dans le dernier siècle, que dirons-nous du Croyant détrompé et de son auteur ? M. Dubois avec sa polémique et ses argumens contre le christianisme vient soixante ans trop tard, et le public auquel il devait s’adresser est mort depuis long-temps. L’auteur n’a donc regardé ni écouté autour de lui ? S’il eût senti le génie de son siècle, il se fût abstenu d’écrire, ou lui eût envoyé d’autres accens.

Non, le xixe siècle ne prend pas la religion pour une fantaisie, une erreur, une peste, un fléau. Il voit dans la religion une conception nécessaire et une passion inextinguible de l’humanité. Nous ne sommes pas des athées, et nous ne voulons pas qu’on nous prêche la négation de Dieu. Nous sommes si peu affligés d’athéisme, que nous cherchons Dieu par toutes les voies ; son nom est dans toutes les bouches, sa conception dans toutes les intelligences. Le siècle s’exalte laborieusement pour s’élever à lui. L’auteur du Croyant détrompé aurait dû comprendre que, pour